Nous apprenions la semaine dernière que le Premier ministre, Xavier Bettel, avait boycotté le dîner d’adieu de l’ambassadrice d’Israël en Belgique et au Luxembourg. La raison ? Les propos favorables aux « thérapies de la conversion » pour les homosexuels du ministre israélien de l’Éducation, Rafi Peretz, qui est à la tête du parti religieux nationaliste Foyer juif. Devant le tollé suscité en Israël – même le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a désavoué son ministre – un pays très libéral quant aux droits des LGBTQ+, Rafi Peretz est depuis revenu sur ses propos.
Était-il donc bien raisonnable de provoquer une « minitempête » diplomatique pour des propos qui n’ont finalement rien de surprenants dans la bouche d’un ministre d’un gouvernement d’extrême droite, la plus à droite de l’histoire de l’État hébreu ? Car il faut bien rappeler que « Bibi » Netanyahou est un précurseur de ce qu’on appelle aujourd’hui « populisme ». Il est un Donald Trump avant l’heure : insultes féroces contre ses adversaires politiques et presse qualifiée de « mensongère » ou de « gauchiste » quand elle ne va pas dans son sens. Avant l’assassinat par un extrémiste juif du Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, Netanyahou était main dans la main avec les mouvements religieux et nationalistes qui qualifiaient Rabin de « traître » ou de « nazi » pour avoir signé les accords d’Oslo de 1993 avec les Palestiniens.
Aujourd’hui, l’État hébreu étend la colonisation et l’occupation des Territoires palestiniens au mépris du droit international. Il poursuit la construction d’une « barrière de sécurité », jugée illégale par la Cour internationale de justice (CIJ), pour grignoter toujours plus de territoires en Cisjordanie. La bande de Gaza est une prison à ciel ouvert où survivent deux millions de personnes.
Dans ce contexte, même si l’on comprend que la question des droits des LGBTQ+ tienne à cœur au Premier ministre, il apparaît presque indécent de boycotter une cérémonie officielle pour de « simples » déclarations, aussi stupides et choquantes soient-elles. La diplomatie de Xavier Bettel pourrait même être taxée par certains de communautariste.
Nicolas Klein