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Festival d’Avignon : Autobiography ou la danse des chromosomes


Autobiography, de Wayne McGregor a été présenté pour la première fois ce jeudi à Avignon. Coproduction des Théâtres de la Ville de Luxembourg, le spectacle avait déjà été présenté au Limpertsberg en avril 2018. (Capture vidéo Studio Wayne McGregor)

Le chorégraphe britannique, Wayne McGregor, a présenté, jeudi soir à la Cour du Lycée Saint-Joseph, la première avignonnaise de son Autobiography. Une coproduction des Théâtres de la Ville de Luxembourg.

Contrairement à Outwitting The Devil d’Akram Kahn – un habitué des théâtres de Luxembourg ; il y a présenté sa version de Giselle en juin dernier et sera de retour les 17 et 18 octobre prochains avec Xenos – crée le 13 juillet dernier à Stuttgart en Allemagne et présenté dans la foulée dans la Cour d’honneur du Palais des Papes (du 17 au 21 juillet), Autobiography, la création chorégraphique de Wayne McGregor a mis du temps à arriver jusqu’au festival d’Avignon. La pièce, dont la première en Provence (France) s’est déroulée jeudi soir dans la Cour du Lycée Saint-Joseph, a été créée à Londres, en octobre 2017. Etant une coproduction des Théâtres de la Ville de Luxembourg, elle a même déjà été présentée au Limpertsberg, en avril 2018.

La magnifique cour carrée de ce lycée privé jésuite fondé en 1850, est devenue depuis 1969 un des hauts-lieux du festival d’Avignon. Jeudi soir, pour cette première d’Autobiography dans le prestigieux « In », les 750 places étaient prises d’assaut par un public connaisseur et concentré.

Dix danseurs pour 23 frangments

Pas un bruit n’est venu perturber les 80 minutes de représentation. Pas un spectateur n’a quitté la salle. Des conditions idéales pour suivre cet enchaînement aléatoire de ces 23 fragments de vie dansées. Les rythmes sont différents : passant de la musique baroque à la musique électronique ou encore les bruits de la nature et les gazouillis des oiseux, de grandes envolées aériennes à des moments plus terre-à-terre, d’instants de pure virtuosité à d’autres plus oniriques.

Les dix danseurs – quatre femmes et six hommes – sont magnifiques, chacun de leur geste est réalisé à la perfection, chacun de leur mouvement est réalisé au millimètre. Tantôt tout en force, tantôt tout en finesse, les interprètent émerveillent par leur talent.

Reste que si la musique change, tout comme les lumières, que si la grande structure métallique qui surplombe la scène se soulève, s’abaisse se disloque selon les segments ou encore que le nombre de danseurs actifs change constamment, le style de danse ne varie pas énormément entre les différents segments. Et, comme il n’est ici point de fil rouge, point de récit, point d’accroche, point de progression – normal, l’ordre est aléatoire – le risque pour le spectateur de perdre le fil est grand.

Et de nombreux spectateurs semblent l’avoir effectivement perdu jeudi soir. Du coup, à la fin de la représentation, les applaudissements – bien que nombreux – n’ont pas semblé enthousiastes. Laissant traîner un peu les oreilles à la fin de la représentation, nombreux semblent louer la qualité technique de cet Autobiography, mais autant semblent regretter le manque d’émotion qui se dégage de l’œuvre laissant comme une impression de grand catalogue de compétences, de possibilités. Et les références à l’ADN, aux génomes et aux cellules humaines tant vantées par le chorégraphe ? Difficiles à voir au premier regard !

Le festival d’Avignon, jusqu’au 23 juillet. Plus d’infos : www.festival-avignon.com

Pablo Chimienti