Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a proposé vendredi à la Russie d’échanger le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov emprisonné par Moscou contre le journaliste ukraino-russe Kyrylo Vychynsky, jugé pour « haute trahison » à Kiev.
« Nous sommes prêts à échanger Vychynsky » contre « Sentsov, par exemple », a déclaré le chef de Etat ukrainien, cité dans un communiqué de la présidence, précisant qu’en cas d’accord en ce sens leur remise en liberté devrait être « simultanée ». Moscou n’a pas réagi dans l’immédiat à cette proposition.
Oleg Sentsov avait été arrêté en mai 2014 en Crimée après avoir participé à des protestations contre l’annexion de cette péninsule au sud de l’Ukraine. Son cas est le plus connu parmi les dizaines d’Ukrainiens détenus en Russie et considérés comme des « prisonniers politiques » par Kiev.
Un « procès stalinien » pour Amnesty International
Condamné à 20 ans de prison pour « terrorisme » et « trafic d’armes » en Russie à l’issue d’un procès qualifié de « stalinien » par l’ONG Amnesty International, ce réalisateur de 43 ans est détenu dans une prison du Grand nord russe. L’Ukraine, l’Occident et de nombreuses célébrités internationales ont appelé maintes fois à sa libération. Kyrylo Vychynsky, 52 ans et ex-responsable en Ukraine de l’agence de presse russe RIA Novosti, a été arrêté en mai 2018 à Kiev et inculpé pour « haute trahison », un crime passible de 15 ans de prison. Son arrestation a été vivement dénoncée par Moscou.
Un « excellent premier pas » vers le rétablissement des relations entre Moscou et Kiev
Jeudi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a estimé que le « retour » de Kyrylo Vychynsky en Russie serait « un excellent premier pas » vers le rétablissement des relations entre ces deux ex-républiques soviétiques voisines, à couteaux tirés depuis cinq ans. Un tribunal de Kiev doit se réunir vendredi soir pour examiner la possible libération conditionnelle du journaliste dans l’attente du verdict sur son affaire. Les relations entre l’Ukraine et la Russie sont extrêmement tendues depuis le soulèvement pro-européen du Maïdan en 2014 à Kiev ayant entraîné la fuite en Russie et la destitution d’un président prorusse.
L’arrivée au pouvoir des pro-occidentaux a été suivie de l’annexion de la Crimée et de l’éclatement d’une guerre avec les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, un conflit qui a fait près de 13 000 morts en cinq ans. Kiev et l’Occident accusent la Russie de soutenir militairement les rebelles, ce que Moscou nie malgré les constatations de plusieurs médias dont l’AFP.
LQ/AFP