La traditionnelle interview télévisée du nouvel an a permis au Premier ministre de revenir sur une année politique « difficile ». Après la prise de décisions douloureuses, le gouvernement vise à mieux s’expliquer.
« Rien faire n’est pas une option ». Le Premier ministre a répété, lors de son interview du nouvel an diffusée hier soir, que son gouvernement reste décidé à agir. « Dès qu’on prend des décisions, il y a des gens qui sont pour et qui sont contre. Le plus difficile n’est pas de prendre les décisions mais de bien expliquer les raisons pour lesquelles on les a prises », a martelé Xavier Bettel.
Après un début de mandat marqué par l’écoute et les décisions douloureuses prises dans le cadre de l’établissement du budget de l’État 2015, l’heure est donc désormais aux explications pour l’équipe gouvernementale. « Je m’en fous des sondages. Or la perte de popularité est un signal qu’une meilleure explication est nécessaire. Le chômage élevé, la dette publique et la croissance sont les chiffres qui doivent nous préoccuper », a poursuivi le Premier ministre.
Xavier Bettel a également prévenu les partis de l’opposition que le gouvernement n’allait pas se laisser diviser. « Je suis le chef d’une équipe qui travaille bien. On est des partenaires égaux, même si, pour l’instant, ce sont souvent les ministres libéraux qui se retrouvent sous le feu des critiques », a souligné le Premier ministre.
En ligne de mire se trouvent en effet le ministre des Finances, Pierre Gramegna, le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, et la ministre de la Famille, Corinne Cahen. Xavier Bettel a tenu à défendre les décisions prises dans ces différents domaines, dont notamment la réforme de la politique familiale. « Aucun choix est imposé. La flexibilisation du congé parental rendra possible une meilleure combinaison du travail et de la famille sans délaisser les femmes, obligées d’arrêter de travailler ou de tomber dans la précarité. Je pense que dans 10 ou 15 ans les gens diront qu’on a eu raison à faire ce pas », a lancé le Premier ministre.
Concernant, la nouvelle taxe de 0,5 %, Xavier Bettel a affirmé que l’argent sera bien utilisé pour introduire l’encadrement bilingue des enfants dans les crèches et autres structures d’accueil. « Les préparatifs sont en cours et vont se concrétiser en 2015. La qualité de l’encadrement reste une priorité », a indiqué le Premier ministre.
Xavier Bettel a également appuyé son ministre de l’Éducation nationale dans le bras de fer qu’il mène avec les enseignants qui menacent de boycotter les examens de fin d’études. « Ce débat est horrible pour les jeunes. Chacun va devoir prendre ses responsabilités. Le gouvernement continuera à soutenir le ministre Meisch », a souligné le Premier ministre.
Autre chantier de taille : le financement des cultes. Le chef du gouvernement, qui est également ministres des Cultes, n’a pas donné d’indication sur l’état des négociations en cours avec les différentes communautés religieuses. « Ce que je souhaite est une évolution des choses. Il ne faut pas oublier que cette réforme nécessitera une majorité des deux tiers à la Chambre. Je n’espère pas de blocage », a indiqué Xavier Bettel, qui reste également opposé à la proposition d’un nouveau cours sur l’ensemble des religions. « On a besoin d’un cours qui enseigne les valeurs et les religions. Cela va se faire avec l’ensemble du personnel en place », a précisé le Premier ministre.
Retour à la tripartite
Pour pouvoir continuer sur sa lancée, et ce à tous les niveaux, le gouvernement doit garder attentivement à l’œil la croissance et le développement économique du pays. Conscient de ce fait, le Premier ministre souhaite réinstaurer pour de bon le mécanisme de la tripartite pour définir ensemble, avec les partenaires sociaux, la marche à suivre. « La porte pour une tripartite est à nouveau ouverte. Je pense qu’on est sur le bon chemin », a indiqué Xavier Bettel. Concernant les négociations entamées avec le patronat, le chef du gouvernement souhaite qu’un accord soit scellé d’ici la fin du mois de janvier.
Qui dit croissance, dit aussi continuer à miser sur les niches de souveraineté qui font la force du Luxembourg. Malgré l’affaire LuxLeaks qui a dévoilé les pratiques d’optimisation fiscale, le Premier ministre a annoncé continuer à vouloir miser sur la politique des niches. Cela doit cependant aller loin au-delà des « rulings fiscaux ». Une hausse de la taxation des entreprises reste d’ailleurs exclue pendant cette législature. Un rééquilibrage est annoncé avec la réforme fiscale, prévue pour 2017. « On va profiter des deux années à venir pour bien préparer cette réforme. Pour l’instant, il est trop tôt pour donner des tendances », a fait remarquer le Premier ministre.
Il reste donc du pain sur la planche, aussi avec les référendums sur la réforme constitutionnelle. « Ce n’est pas pour contourner le CSV sur ces questions », a souligné Xavier Bettel par rapport à la question du droit de vote des étrangers. « Chaque parti devra prendre ses responsabilités », a poursuivi le Premier ministre.
L’année politique 2015 est lancée.
David Marques