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Cambriolages en série : jusqu’à 8 ans de prison pour les six hommes


D'après le calcul des enquêteurs, les malfrats avaient dérobé, entre 2014 et fin 2017, le montant considérable de 169 872 euros. (Photo : archives lq)

Six hommes, âgés de 27 à 62 ans, poursuivis pour avoir commis une série de 88 cambriolages au Grand-Duché ont pris cher. Outre les peines de prison, ils ont été condamnés, vendredi, à rembourser un total de 96503 euros aux victimes.

« Les petits ruisseaux font les grandes rivières. » Hôtels, cafés, maisons unifamiliales, agences de voyages, boulangeries, boucheries… La série de cambriolages sur laquelle les enquêteurs avaient relevé toujours les mêmes traces ADN était longue. Dans quasiment tout le Grand-Duché, les malfrats avaient sévi entre 2014 et fin 2017, emportant la plupart du temps argent liquide, chèques-repas et cigarettes… En additionnant l’ensemble des fonds de caisse et le contenu de petits coffres-forts qui ont fait l’objet d’une plainte, on arrive à un montant non négligeable de 169 872 euros et 2 000 dollars dérobés.

«Sans doute n’est-ce que la partie émergée de l’iceberg», avait considéré la parquetière. Elle avait requis entre 18 mois de prison et 10 ans de réclusion contre les six prévenus âgés de 27 à 62 ans. Dans son réquisitoire, le premier substitut n’avait pas épargné le «grand absent» du procès : «Difficile de trouver des circonstances atténuantes envers José R. On le décrit comme violent manipulateur. Il a causé un énorme dommage.» L’homme de 55 ans poursuivi pour au moins 79 cambriolages et dont les traces ADN avaient pu être retrouvées sur 42 lieux de crime était resté absent tout au long du procès. Attestant par le biais d’un certificat médical qu’il souffre d’un état de stress post-traumatique, il s’était fait représenter par son avocate.

Vendredi matin, la 13e chambre criminelle l’a condamné à huit ans de réclusion, dont trois avec sursis. Dans l’ensemble les juges sont restés légèrement en dessous des réquisitions du parquet. Les cinq coprévenus avaient tant bien que mal tenté de sauver leur peau. Plus d’un avait avancé ses périodes d’incarcération à l’étranger comme alibi. Mais pour le parquet, trois d’entre eux étaient tout comme José R. des cambrioleurs «chevronnés» ou «professionnels». 

Fitim B. poursuivi pour avoir participé à 59 faits écope de six ans de prison ferme, tout comme le propriétaire de l’Opel Zafira. Ce dernier était poursuivi pour 36 faits. «Son véhicule a été retrouvé dans l’entourage immédiat des infractions. Le fait qu’il arrête, c’est parce que la police saisit sa voiture à Christnach mi-septembre 2016», avait soulevé le premier substitut. Naim B., au volant d’une Audi A4, qui avait aussi occupé la fonction de chauffeur s’en sort avec cinq ans de prison ferme. On lui reprochait d’avoir commis 18 faits en l’espace de moins de trois mois.

Les victimes se voient allouer 96 503 euros 

Et puis il y avait António P. (62 ans). C’était afin de rendre service à son voisin, José R., qu’il l’avait conduit l’une ou l’autre fois en voiture «quelque part», s’était-il défendu. Son avocat avait eu beau le qualifier de «gentil papy» qui n’a pas sa place sur le banc des prévenus, pour le parquet, le sexagénaire «contest[ait] l’incontestable». Il est condamné à trois ans de prison, dont un an avec sursis. La peine la moins lourde est finalement pour Ivo G. poursuivi uniquement pour le cambriolage d’un hôtel, place de la Gare, à Luxembourg, début mars 2014. Par application de circonstances atténuantes, il écope d’un an de prison ferme. En raison de son casier judiciaire, un sursis n’était plus envisageable. La réservation d’une chambre à son nom la nuit des faits avait attiré les soupçons sur lui. 

Il n’y a pas que les peines de prison qui viennent clore cette série de 88 cambriolages. Une dizaine de victimes s’étaient constituées parties civiles. Neuf demandes ont été déclarées fondées. Ce qui fait un total de près de 96503 euros à payer. À cela s’ajoutent 4 000 euros d’indemnités de procédure. Enfin, les juges ont ordonné la confiscation des véhicules utilisées.

Les peines prononcées n’auront pas laissé indifférents les trois prévenus présents lors de la lecture du prononcé. «C’est de la discrimination. Je n’ai pas fait cela», s’est exclamé l’un d’eux. La réponse de la chambre criminelle : «Vous avez 40 jours pour interjeter appel.» Sur les six prévenus, seuls António P. et Ivo G. ne sont actuellement pas à Schrassig.

Fabienne Armborst