Les Grecs ont infligé dimanche une sévère défaite au Premier ministre sortant de gauche Alexis Tsipras, dont le successeur de droite Kyriakos Mitsotakis a promis de « relever » le pays meurtri par une décennie de crise.
Arrivé en tête avec 39,8% des suffrages, son parti de droite Nouvelle Démocratie détiendra 158 des 300 sièges que compte la Vouli, le parlement grec, selon les résultats officiels portant sur 94% des bureaux de vote.
Pour ces premières élections législatives depuis que la Grèce a échappé à la faillite, Syriza, le parti de gauche d’Alexis Tsipras, qui a obtenu 31,5% des voix, ne conservera que 86 des 144 sièges qu’il avait dans dans l’assemblée sortante. Pour les Grecs, le gouvernement sortant est coupable d’avoir « trahi » ses promesses et d’avoir imposé l’austérité.
« Une période douloureuse se referme », a déclaré Kyriakos Mitsotakis, 51 ans, devant ses supporteurs au siège de la Nouvelle Démocratie, dans la banlieue sud d’Athènes. Il a juré aux électeurs de « rendre sa fierté » au pays et d’être « à la hauteur de leurs espoirs ». « Je veux voir à nouveau ce peuple prospérer, je veux voir revenir les enfants qui sont partis », a encore dit le chef de file des conservateurs, qui sera investi lundi aux fonctions de Premier ministre.
Trois ans après avoir pris les rênes de la Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, perçu comme un réformateur, proche des milieux d’affaires, a promis de « relancer l’économie » et de « laisser la crise derrière nous ». « Une page se tourne », s’est félicité Giorgos, un militant de ND au siège du parti. « La psychologie des Grecs et des marchés sera désormais différente. Nous pouvons avoir confiance en l’avenir », a affirmé cet avocat venu « voir de près » le prochain chef du gouvernement.
L’élection de ce fils de Premier ministre, descendant d’une dynastie politique, signe le retour de la « familiocratie » au gouvernement grec, une tradition qu’Alexis Tsipras avait interrompue en accédant au pouvoir à l’âge de 40 ans. Le chef du gouvernement sortant a reconnu « la nette victoire » de son rival, après l’avoir félicité, promettant d’être « actif dans les rangs de l’opposition » et de se « relever ».
Phénomène d’ « usure »
Surgissant dans une Grèce en plein chaos, terrassée par la crise de la dette et la cure d’austérité imposée par ses créanciers, l’UE et le FMI, Alexis Tsipras avait suscité l’espoir, en janvier 2015, chez un peuple abasourdi par les faillites et les plans sociaux. Mais ce jeune leader de gauche radicale avait ensuite fait volte-face, forcé d’accepter un plan de sauvetage assorti de sévères mesures pour empêcher la sortie de la zone euro, ce que les électeurs ne lui ont pas pardonné.
Sonné par un échec cinglant aux élections européennes et locales, fin mai et début juin, Alexis Tsipras, dont le mandat s’achevait théoriquement en octobre, avait tenté un coup de poker risqué en convoquant lui-même ces élections anticipées, avec l’espoir d’inverser la vague de mécontentement. En vain.
Comme Kyriakos Mitsotakis, il avait battu le rappel des électeurs, craignant une forte abstention en ce début juillet, sous des températures étouffantes. Mais les Grecs ont préféré les urnes aux plages et ont voté à près de 58%. Nikos Xydakis, un ex-député du Syriza et ancien ministre de la Culture, a reconnu qu’Alexis Tspiras avait pâti d’un phénomène d’ « usure », estimant que son parti avait fait « trop de promesses ».
Dans une opération séduction de la dernière chance, vendredi soir, il avait pourtant agité le risque de retour aux « heures sombres de l’austérité » et évoqué la baisse du chômage, le plus important de la zone euro, ou encore la revalorisation du salaire minimum mensuel à 650 euros.
Troisième parti dans le nouveau parlement, le KINAL, né sur les cendres du Pasok (socialiste), remporte 22 sièges, devant les communistes du KKE (15 sièges), le parti nationaliste de la Solution grecque (10 sièges) et le parti MeRa25 de l’ancien ministre des Finances de Tsipras Yanis Varoufakis (neuf sièges).
LQ/AFP