Entre rouleaux de papier toilettes à l’effigie de Vladimir Poutine et bars réservés aux vrais Ukrainiens, l’ambiance promet d’être chaude ce dimanche au stade.
« J’ai confiance en mes joueurs », a clairement dit Luc Holtz à la question bien léchée d’un journaliste ukrainien tournant autour de la pression qu’exerceront les fans locaux.
Pour se rendre compte du nationalisme exacerbé de la population locale et de son soutien inébranlable, suffit de se promener à Lviv et d’y croiser les vendeurs ambulants. Le paillasson à l’effigie de Vladimir Poutine y est vendu pour un peu moins de 10 euros.
Le rouleau de papier toilettes arborant le visage du président russe, coupable encore de violations manifestes du dernier traité de paix selon les médias locaux, se négocie lui à 1 euro, ce qui rend très abordable la perspective de s’essuyer les fesses avec l’ennemi public numéro 1 de l’Ukraine.
Au coin de la rue, une brasserie accueille une activité dingue. Sa spécialité, le marketing agressif. Les principaux dirigeants les plus détestés du moment s’y retrouvent croqués afin d’orner les bouteilles. Poutine bien sûr. Mais aussi Angela Merkel, la chancelière allemande étant rebaptisée Frau Ribbentrop (ancien diplomate dignitaire allemand durant la seconde guerre mondiale) pour le manque d’aide de l’Europe dans la situation actuelle.
Si vous n’êtes pas encore convaincu, faites-vous pistonner, en soirée, pour entrer dans un « bar nationaliste » un peu clandestin. Sans façade apparente, avec vigile à l’entrée pour vérifier vos sympathies. Si vous ne criez pas le mot de passe («vive l’Ukraine»), vous n’entrez pas. Si vous le faites, vous est offert le shot de l’amitié, gratos. Une vodka locale qui scelle votre aliénation à la cause. Ici, on ne plaisante pas avec l’amour du drapeau !
De notre envoyé spécial à Lviv, Julien Mollereau
Échos d’avant-match
A priori, l’Arena Lviv sera pleine
La superbe enceinte de 34 915 places et ses sièges aux couleurs de l’Ukraine devrait être blindée pour la rencontre. Pour mémoire, ce stade a accueilli trois rencontres du dernier Euro dont le duel entre le Portugal et l’Allemagne.
Ce samedi, c’était ainsi jour de répétition générale sans grande pression puisque l’Arena est habituée aux grands rendez-vous : le Shakhtar Donetsk, qui y dispute ses matches depuis plusieurs mois suite à l’invasion russe de l’autre côté du pays, à 1 200 kilomètres, y joue en Ligue des champions. Et s’y sent tellement à l’aise que toute la signalétique y est à ses couleurs, l’orange et noir.
On a cependant bien cru que le Luxembourg allait disputer sa séance sous le feu des hauts-parleurs qui crachaient de la musique à fond les ballons. Elle s’est arrêtée juste au moment où Luc Holtz a regroupé ses troupes.
Surréaliste, la conférence de presse
Une traductrice dont l’Allemand part en sucette (elle a notamment indiqué qu’à l’aller, Yarmolenko avait « chié trois buts ») et qui doit demander au chef de presse de la FLF, Marc Diederich, de reformuler dans la même langue les réponses que Luc Holtz vient de lui donner, des médias locaux qui confondent justement le coach luxembourgeois avec … son chef de presse, tandis que Lars Gerson se voit demander s’il ne serait pas, par hasard, Mario Mutsch, il y avait de quoi justifier quelques sourires et même à certains moments, de l’agacement chez le sélectionneur.
Luc Holtz fêtera son anniversaire à Lviv
« Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? » Un sujet impromptu s’est invité en conférence de presse, en cette veille de match : l’anniversaire du sélectionneur, qui aura 46 ans le jour du match.
Sympas comme tout, les journalistes ukrainiens se sont sentis obligés de lui demander ce qui lui ferait plaisir pour le fêter dignement. Haussement de sourcil, sourire en coin : « Trois points !» A ses côtés, forcément, Lars Gerson s’est vu demander ce qu’il lui offrirait, lui. « Un but » a souri le milieu de terrain. En espérant qu’un seul soit suffisant…