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Maladies environnementales : des poisons « très pernicieux »


Partout dans le monde, les maladies liées à l'environnement (pesticides, chimie ou autres) se multiplient.(Photo AFP)

Problèmes de peau, de thyroïde, de concentration, cardiovasculaires… Et si c’étaient des maladies environnementales ? Connues depuis plus de 30 ans, elles prennent une place énorme dans notre société. Actuellement, ces maladies sont souvent mal soignées car leurs causes sont encore trop méconnues. Jean Huss, le président d’Akut (Groupe d’action pour la toxicologie de l’environnement), tente de les combattre depuis plusieurs décennies.

Depuis quand parle-t-on des maladies environnementales ?

Les maladies environnementales ont commencé à émerger à la fin des années 60. Déjà aux États-Unis, on déversait par exemple beaucoup de pesticides dans les cultures. Les causes de ces maladies sont multiples : mercure dans les plombs dentaires, traitements des boiseries, retardateurs de flammes (dans les canapés, matelas, vêtements…), la pollution de l’air intérieur, les produits d’entretien, pollution électromagnétique…

Qu’est-ce que la médecine environnementale?

La médecine environnementale est une médecine extrêmement scientifique basée sur des faits connus depuis 30 ans au moins, même avant. Ces connaissances se sont incroyablement multipliées ou affinées depuis les années 2000. Ça n’a rien à voir avec les médecines dites alternatives.

Dans la médecine environnementale, il faut distinguer deux choses. Premièrement, il y a un aspect épidémiologique, c’est-à-dire les connaissances des liens entre l’environnement et la santé qui augmentent de façon dramatique depuis les années 80-90 environ. Par exemple, on sait désormais que dès qu’il y a une pollution de l’air, s’ensuit une augmentation de certains types de maladies. Un constat déjà fait dans les années 70-80, par exemple, lorsqu’il y avait une pollution de l’environnement ici par les aciéries, les hauts-fourneaux, il y avait une augmentation des maladies chroniques de type respiratoire : bronchites, sinusites etc., notamment chez les enfants.

Toutes les études scientifiques de l’OMS et de toutes les agences officielles montrent que la chaleur combinée à une forte pollution comme celle dans les grandes villes telles que Paris, Athènes ou pire Calcutta peut amener beaucoup plus de morts prématurées, surtout chez les personnes âgées. Cela peut aussi augmenter les maladies respiratoires de façon dramatique ou les maladies cardiovasculaires.

Le deuxième point, c’est l’aspect clinique. S’il y a des malades de l’environnement, il faut les traiter.

Que faudrait-il faire, selon vous, pour diminuer ces risques ?

Même si les liens entre maladies et environnement sont connus depuis longtemps, cela ne change pas, car les intérêts économiques priment sur l’environnement et la santé un peu partout dans le monde.

Pour y remédier, il faut enfin faire une prévention sérieuse à tous les niveaux. En ce sens, la médecine environnementale est politique. Il faut que les gouvernements en Europe et partout dans le monde se décident à faire une prévention de type environnemental : moins de diesel et de particules fines, moins de perturbateurs endocriniens, moins de métaux lourds, moins de pesticides, etc.

Pour les personnes déjà malades, que peut-on faire?

C’est la partie clinique. Il faut que les médecins aient une formation en médecine environnementale suffisante dès les cours universitaires. Malheureusement ce n’est pas le cas aujourd’hui, ou tout au plus de manière marginale. Par ailleurs, il faut former de façon continue les médecins déjà en exercice. La formation médicale classique des médecins est basée sur la thérapeutique, sans regarder quelles sont les causes possibles des maladies. Ils soignent, mais même s’ils essayent peut-être, ils n’ont pas l’éducation et la formation nécessaire pour détecter les causes environnementales de ces maladies. Pour le moment, il y a toujours une prévalence des bactéries et des virus, etc. qui domine.

Retrouvez le reste de cet entretien et l’ensemble du dossier de notre journaliste Audrey Libiez dans notre édition du 28 juin 2019.