L’armée birmane s’est opposée jeudi à la demande de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), qui souhaite une enquête sur la déportation présumée des Rohingyas par la Birmanie.
« L’armée et le gouvernement (birmans) n’ont pas négligé le problème et ont essayé de prendre des mesures contre ceux qui ont commis des exactions », a déclaré jeudi auprès de l’AFP le porte-parole de l’armée birmane, le brigadier général Zaw Min Tun. « La Birmanie a un comité d’enquête qui étudie cela et ils (les juges de la CPI) doivent respecter ce que nous faisons », a-t-il affirmé, ajoutant que « l’ingérence de la CPI porte atteinte à la dignité » de la Birmanie et son armée.
Des violences qualifiées de « génocide » par les enquêteurs de l’ONU
Plus de 740 000 Rohingyas avaient fui vers le Bangladesh voisin en 2017 face aux violences de l’armée birmane, qualifiées de « génocide » par les enquêteurs de l’ONU. La procureure de la CPI Fatou Bensouda avait ouvert un examen préliminaire en septembre 2018, après que la Cour basée à La Haye se fut déclarée compétente pour enquêter sur la déportation présumée de cette minorité musulmane, qui pourrait constituer un crime contre l’humanité.
Fatou Bensouda est passée à l’étape supérieure mercredi en déposant auprès de la CPI une demande pour ouvrir une enquête approfondie. Il revient désormais aux juges assignés à cette affaire d’autoriser ou non l’ouverture d’une telle enquête. Bien que la Birmanie ne soit pas un Etat membre du Statut de Rome, traité fondateur de la Cour, celle-ci s’est déclarée compétente pour enquêter sur la déportation présumée des Rohingyas vers le Bangladesh, qui est lui un Etat partie. La Birmanie avait « résolument » rejeté cette décision de la CPI, dénonçant un « fondement juridique douteux ».
LQ/AFP