Le bras de fer sur l’installation au Luxembourg d’une usine de FAGE, producteur grec de yaourts, est loin d’être terminé. Déi gréng mais aussi le DP se trouvent en mauvaise posture.
La situation est « cocasse », comme le résume le ministre de l’Économie, Étienne Schneider. Déi gréng et le DP forment à Bettembourg une coalition à trois avec le CSV. Sur le plan national, les deux mêmes partis forment un gouvernement avec le concours du LSAP.
Le collège échevinal de Bettembourg, où siègent notamment les députés Josée Lorsché (déi gréng) et Gusty Graas (DP), est toujours opposé à l’arrivée d’une usine de production de yaourts, qui doit être construite dans la zone d’activités Wolser par la société grecque FAGE. Le gouvernement est lui favorable à ce projet, à condition que toutes les obligations administratives et environnementales soient respectées. Vous suivez toujours ?
Josée Lorsché sous le feu des critiques
« Cela risque de devenir un problème politique », a avoué mardi matin le ministre Étienne Schneider à la sortie d’une réunion avec la commission de l’Économie. Il fustige le fait que le collège échevinal de Bettembourg soit « opposé par principe » à l’arrivée de FAGE.
Le 12 juin, Josée Lorsché avait souligné sur les ondes de RTL qu’elle était opposée au projet. « Elle a parlé en tant qu’échevine de Bettembourg. Le rôle de tout collège échevinal est de défendre les intérêts de leurs citoyens et obtenir les meilleures conditions possibles pour l’implantation d’une nouvelle industrie », précise Henri Kox, député déi gréng.
Le camp vert tente donc aussi bien que mal de noyer le poisson. Le CSV condamne toutefois la « double morale » de Josée Lorsché. « En tant qu’échevine, elle est contre le projet, mais en tant que présidente de la fraction verte à la Chambre elle est pour. Cette double morale est assez ridicule », lance Claude Wiseler. « Tous les principes écologiques sont jetés par dessus bord, uniquement pour sauver la coalition gouvernementale », poursuit le député chrétien-social. Le CSV reste clairement opposé au projet.
Henri Kox en démineur
Les deux autres partis formant le gouvernement continuent de miser sur un accord. « Je crois savoir que lors d’un entretien avec Josée Lorsché, le ministre Étienne Schneider a pu tout mettre au clair », indique ainsi Simone Beissel (DP). « Si toutes les conditions sont réunies, ce projet devrait pouvoir être voté par le conseil communal de Bettembourg », complète Franz Fayot (LSAP).
Henri Kox s’est lui aussi montré assez confiant mardi matin. FAGE aurait accepté de prendre en compte les mesures environnementales imposées par la législation nationale. Les questions concernant la consommation d’eau et les mesures de compensation à prendre seraient globalement résolues. « En fin de compte, l’État de droit doit faire son travail. La prise en compte des intérêts économiques et écologiques doit permettre d’obtenir le meilleur projet possible », conclut-il.
Il reste à savoir si cette argumentation va finir par convaincre les élus de Bettembourg.
David Marques