Des lycéens « contents » d’avoir passé la philo et qui se préparent à l’histoire et géographie, des profs qui protestent devant des établissements et un faible pourcentage de grévistes selon le ministère de l’Education: le lancement de la session 2019 du bac semblait lundi s’être déroulée à peu près normalement.
« Est-il possible d’échapper au temps? », « Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté? », explications d’un extrait de l’oeuvre de Freud ou des Essais de Montaigne figurent parmi les sujets proposés aux élèves.
Devant plusieurs établissements, des professeurs en grève de la surveillance des épreuves s’étaient réunis pour protester contre la réforme du bac. La première édition de cet examen sous sa nouvelle forme aura lieu en 2021.
Des profs mobilisés à Metz
A Metz, quelques dizaines de profs s’étaient réunis à proximité du lycée Georges-de-La-Tour pour « défendre le bac ». « C’est un crève-cœur, c’est contre nature » de se mobiliser un jour d’épreuve, affirment-ils de concert. « Si le bac se passe bien, tant mieux, notre objectif n’était pas de le perturber », déclare Bruno Henry, professeur et syndiqué au Snes-FSU.
Pour lui et ses collègues mobilisés, la réforme du bac et du lycée entraîne « la suppression de postes, l’accroissement des inégalités territoriales entre les établissements et les élèves » une organisation encore plus complexe avec des épreuves en continu, des épreuves en fin d’année etc…
Le ministère français de l’Education a décompté 5,4% de grévistes chez les professeurs du second degré, pour ce mouvement inédit depuis 2003 en un jour de baccalauréat. Les chefs des centres d’examen avaient de toute façon prévu des réservistes pour pallier un éventuel manque de surveillants.
La philo, épreuve phare
Du côté des 554.000 élèves en bac général ou technologique, c’est le soulagement après la fin de l’épreuve de philo, souvent redoutée par les candidats. Lily, en Terminale S au lycée parisien Janson-de-Sailly, est « contente » d’en avoir fini. Elle a « pris un risque énorme » en choisissant la dissertation et non le commentaire de texte alors qu’elle n’en avait jamais fait de l’année. Elle dit « avoir rarement autant réfléchi ».
A Strasbourg, devant le lycée Jean-Monnet, Alban, en terminale ES, a « fait comme c’est venu ». « J’avais une bonne prof de philo cette année qui m’a fait aimer la matière. Ce n’était pas l’épreuve que j’appréhendais le plus », dit-il. La prochaine épreuve est celle d’histoire et géographie, mardi matin. Les 190.000 candidats au bac professionnel ont eux passé l’épreuve de français.
Un appel à la grève du bac par les syndicats
Lundi après-midi, c’est aux élèves de Première de passer l’écrit du français. Sur les réseaux sociaux et devant des lycées, des profs en grève ont publié ou distribué des sujets de philo parodiques pour exprimer leur exaspération: « Communiquer, est-ce dialoguer? », « Le mépris est-il de bonne gouvernance? » etc.
L’intersyndicale ayant appelé à la grève – qui regroupe notamment le Snes-FSU, premier syndicat chez les enseignants du secondaire, et SUD-Éducation – entend protester contre la réforme du bac qui entrera en vigueur en 2021 et réduira notamment le nombre d’épreuves finales de l’examen au profit du contrôle continu et s’accompagne d’une refonte de l’enseignement au lycée.
Les syndicats voient dans cette transformation l’instauration d’un bac « local », dont la valeur dépendra du lycée dans lequel le jeune aura effectué sa scolarité, et s’attendent à « un rythme effréné d’évaluations » via le contrôle continu. Ils se disent par ailleurs exaspérés par ce qu’ils voient comme une absence de réponse du ministre à leurs inquiétudes sur la réforme de cet examen bicentenaire.
Les résultats le 5 juillet
Les épreuves du bac se termineront le 24 juin pour les filières scientifiques (S) et littéraires (L), et dès le 21 juin pour la filière économique et sociale (ES). Dans la voie pro, où les jeunes ont déjà passé plusieurs épreuves, les examens se dérouleront du lundi au mercredi.
Pendant la semaine d’épreuves, la procédure d’admission dans le supérieur, Parcoursup, est par ailleurs suspendue. Elle reprendra le 25 juin, avec une nouvelle phase dite complémentaire, qui permettra aux candidats de formuler des vœux sur des places restées vacantes sur la plateforme. Les résultats du bac seront connus le 5 juillet et les rattrapages s’étaleront jusqu’au 10.
Depuis 2012, le taux de réussite dépasse les 80%. En 2018, 88,2% des candidats ont empoché le diplôme. Mais la proportion de bacheliers dans une génération est nettement plus faible: un jeune sur cinq âgé de 18 ans n’avait pas le bac en 2018.
LQ / AFP