Huit membres des forces de police égyptiennes ont été tués mercredi dans l’attaque d’un checkpoint dans le Nord-Sinaï, où sévit une branche locale du groupe Etat islamique (EI), a annoncé le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.
L’attaque, qui a visé un barrage militaire à l’ouest d’Al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï « a fait huit martyrs parmi les forces de police », selon un communiqué du ministère de l’Intérieur égyptien.
Cinq « éléments terroristes » ont également été tués et certains ont pris la fuite, a ajouté ce ministère, précisant que les forces de sécurité suivaient « leurs mouvements ». D’après une source de sécurité, deux des cinq assaillants avaient réussi à prendre le contrôle de deux chars de la police avant d’être abattus, l’un par des tirs en provenance d’un avion militaire et l’autre par les forces de sécurité au sol.
L’attaque a été revendiquée par l’Etat islamique par le biais de son organe de propagande. Elle a eu lieu dans une région où les autorités soupçonnent l’EI de vouloir établir un nouveau fief après les revers du groupe ultraradical en Irak et en Syrie, et où elles ont lancé en février 2018 une vaste opération « antiterroriste ».
Le point de passage militaire visé mercredi est » encerclé par l’armée et la police » et des renforts y ont été déployés, selon une source de sécurité. Trois membres d’une force paramilitaire sous l’autorité du ministère de l’Intérieur ont également été blessés dans l’attaque et ont été hospitalisés, selon une source médicale.
La télévision d’Etat a un temps indiqué que plusieurs points de contrôle pourraient avoir été attaqués et que le bilan pourrait s’alourdir. Actifs depuis plusieurs années dans le Nord-Sinaï, les jihadistes sont passés d’attaques sporadiques à une véritable insurrection après la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013.
Depuis, des centaines de soldats et policiers ont été tués dans des attaques attribuées à des djihadistes. L’armée annonce régulièrement la mort de djihadistes présumés sans donner de détails. Au total, environ 650 d’entre eux ont été tués, ainsi que près d’une cinquantaine de militaires égyptiens, depuis février 2018, selon les chiffres officiels. Aucun bilan de source indépendante n’est disponible.
Une zone fermée aux médias indépendants
Le Nord-Sinaï est bouclé par l’armée, la presse indépendante n’étant autorisée à y accéder que lors de rares visites organisées par les autorités.
Avec la perte par l’EI de l’intégralité de son « califat » en Irak et en Syrie en début d’année, l’Egypte soupçonne le principal groupe jihadiste actif dans la région, « Ansar Beit al-Maqdis », de vouloir établir un nouveau fief dans le Sinaï. Il n’existe pas de chiffres fiables, mais de nombreux experts estiment le nombre actuel de combattants à un millier. « Ansar Beit al-Maqdis » était lié à Al-Qaïda avant de devenir la « Province du Sinaï » de l’EI, lorsqu’il a prêté allégeance à cette organisation ultraradicale en 2014.
Ces dernières années, les attentats se sont multipliés contre les forces de sécurité, mais aussi les civils, notamment les chrétiens, tuant des centaines de personnes.
Certains attentats sont menés de manière anonyme, comme ce fut le cas de l’attaque la plus meurtrière de l’histoire récente de l’Egypte, ayant tué plus de 300 fidèles d’une mosquée du Sinaï fin 2017 et qui n’a pas été revendiquée. L’attaque de mercredi a eu lieu au début de la fête musulmane du Fitr, marquant la fin du mois de jeûne du ramadan, célébrée mercredi en Egypte. Frontalière de la bande de Gaza, la région du Nord-Sinaï est défavorisée et essentiellement peuplée de familles bédouines dont les relations avec le pouvoir central sont historiquement tendues
LQ / AFP