Les Luxembourgeois croient en l’Europe et comptent parmi les citoyens les plus europhiles de l’UE. Ses partis politiques aussi. Même les plus droitiers comme l’ADR et déi Konservativ se gardent bien de trop cogner sur l’UE, si ce n’est pour dénoncer sa supposée «porosité» à l’immigration ou défendre les positions fiscales du Grand-Duché. Exceptions faites de déi Lénk et du KPL, ce dernier point fait d’ailleurs plutôt l’unanimité au sein de la classe politique.
Alors que l’on nous présente le scrutin européen de dimanche comme «vital» pour l’avenir de l’UE, la campagne électorale a été sans souffle au Luxembourg. Le péril nationaliste ne menace pas ici l’issue du vote comme cela est annoncé ailleurs (et qui ne s’est pas concrétisé aux Pays-Bas).
Mais comme ailleurs, l’élection des députés au Parlement européen est d’abord un baromètre, indicateur du niveau de popularité du gouvernement et de son action. Bien plus que le projet européen des partis, c’est sur ce critère que s’appuient les pronostics. Et du résultat que fera chaque formation, l’on déduira l’état des équilibres entre majorité et opposition sur la scène politique locale.
Après son brutal déboire aux législatives d’octobre, le CSV est promis à la perte d’au moins un siège alors qu’il en détient aujourd’hui trois sur les six attribués au Luxembourg. Qui en profitera ? L’ADR, passé en octobre tout près d’un cinquième député au Krautmaart ? Ou déi gréng, portés par la prise de conscience de l’urgence climatique ? Ou encore le DP qui mise sur le duo Charles Goerens et Monica Semedo pour se faufiler dans la brèche ?
Autre inconnue de taille : le score du LSAP. Pour la tête de liste des socialistes, l’ancien ministre Nicolas Schmit, l’enjeu est de taille car il vise le siège luxembourgeois de commissaire européen. Une ambition qui serait délégitimée s’il n’est pas élu. Et confirmerait le déclin d’un parti qui avait réalisé un score historiquement bas en octobre.
Au Luxembourg comme ailleurs, les élections européennes seront d’abord scrutées par le petit bout de la lorgnette nationale.
Fabien Grasser