Après l’argent caché, les chemins sinueux de l’offshore : le procès des époux Isabelle et Patrick Balkany, symboles de la corruption des élus français, a repris lundi à Paris pour cinq semaines consacrées aux accusations, bien plus lourdes et complexes, de blanchiment et corruption.
Patrick et Isabelle Balkany, respectivement maire LR (droite) et première adjointe de Levallois-Perret, ville huppée de l’Ouest parisien, sont jugés dans deux procédures distinctes mais en grande partie imbriquées.
Le premier acte du procès s’était clôturé jeudi par un réquisitoire cinglant contre un « acharnement à frauder » : le parquet national financier (PNF) a requis quatre ans de prison pour fraude fiscale, avec incarcération immédiate, contre Patrick Balkany, quatre ans dont deux avec sursis contre son épouse, et l’inéligibilité maximale, 10 ans, contre tous deux.
Très en verve depuis le début du procès mais visiblement sonné par le réquisitoire, Patrick Balkany, 70 ans, un proche de l’ex-président Nicolas Sarkozy (2007-2012), a reconnu « des fautes ». Son épouse, 71 ans, toujours hospitalisée après une présumée tentative de suicide début mai, n’assiste pour le moment pas aux débats.
13 millions d’avoirs présumés dissimulés au fisc
L’acte II, qui occupera le tribunal jusqu’au 20 juin et dans lequel les Balkany encourent 10 ans de prison, promet une plongée dans l’univers de montages offshore virtuoses, de la Suisse au Panama, et de comptes bancaires nichés au Liechtenstein ou à Singapour. Outre le couple Balkany, quatre autres prévenus entrent en scène, notamment leur fils Alexandre, poursuivi pour blanchiment.
Il s’est assis à côté de son père, tous deux restant silencieux, costumes bleu sombre sur chemise claire. À quelques sièges d’eux, l’homme de confiance des Balkany à Levallois, Jean-Pierre Aubry, et l’ancien avocat Arnaud Claude, là encore un proche de Nicolas Sarkozy avec qui il avait monté un cabinet dans les années 1980. Les juges leur prêtent un rôle central dans l’acquisition d’un somptueux riad à Marrakech (Maroc) en janvier 2010.
Manque à l’appel le richissime homme d’affaires saoudien Mohamed Al Jaber, représenté par son avocat à ce stade du procès et poursuivi pour corruption active.
Les Balkany, jugés notamment pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée », sont poursuivis pour avoir dissimulé au fisc plus de 13 millions d’euros d’avoirs entre 2007 et 2014, à l’aide d’un chapelet de sociétés écrans. Deux somptueuses propriétés étaient notamment déjà au cœur du premier volet : le riad Dar Guycy de Marrakech, dont ils nient être propriétaires, et la villa Pamplemousse de Saint-Martin, qu’Isabelle Balkany a finalement reconnu avoir achetée grâce à un héritage.
AFP