[Tour d’Italie, 9e étape] Septième de l’étape dimanche et désormais 14e au classement général, le champion national peut aborder la deuxième partie avec sérénité. Bob Jungels a été l’un des rares coureurs à échapper à la tornade Roglic. Il reste donc dans la course des favoris de ce Giro qui abordera la montagne en fin de semaine.
Il s’est engouffré sans un mot au 36 de la Via Piana, passage obligé de tous les coureurs venant de franchir la ligne d’arrivée. Direction la douche, prise dans un hôtel réquisitionné pour l’occasion par les organisateurs de la RCS. Sur le store de la devanture, des grosses gouttes de pluie dévalaient et bientôt la rue déversait un trop-plein torrentiel.
Bob Jungels est réapparu une quinzaine de minutes plus tard et à l’intérieur il avait dû croiser Vincenzo Nibali, attendu par un cortège de reporters transalpins désormais convaincus que seul le Requin de Messine peut résister à la vague Primoz Roglic.
Sous le déluge de Saint-Marin, au pied des trois pics du mont Titano qui surplombent la ville, il fallait avoir le cuir épais pour émerger des flots. Bob Jungels, comme avant lui Vincenzo Nibali donc, serait l’un de ceux-là. Frigorifié, escorté par l’attachée de presse de la Deceuninck-Quick Step, Bob Jungels s’abrita quelques instants pour résumer le cours de sa pensée : «Je suis content avec mon temps, d’autant plus que les conditions de course n’étaient pas optimales», indiqua le coureur luxembourgeois, observant dans la foulée que «certains des favoris avaient craqué»…
Ce n’était évidemment pas son cas. Parti prudemment, le champion national a parfaitement géré son effort, prenant soin d’en garder pour l’ascension de la côte terminale, pas simple forcément à appréhender sur un vélo de chrono : «Les conditions étaient brutales pour tous les favoris, on a tous été largement mouillés sur le parcours», poursuivait-il.
Bob Jungels s’était donc libéré d’un poids. Le leader de la Deceuninck-Quick Step était parvenu à faire parler sa puissance, ses grandes dispositions pour l’épreuve chronométrée et cela le ravissait : «Maintenant il y a un seul coureur au top, qui joue dans une autre ligue, Primoz Roglic, mais je me sens sur un bon chemin pour avoir une place au milieu des favoris», constatait-il avec un ravissement certain.
La neige recouvre le Gavia…
Il avait appris les déboires de Simon Yates et de Miguel Angel Lopez, qui ont tous deux payé l’addition au prix fort au point qu’on a peine à croire ce lundi matin qu’ils pourront revenir tenir un rôle majeur dans ce Giro qui n’a pas encore abordé la montagne.
On demanda alors à Bob Jungels s’il savourait sa performance du jour, ou à défaut sa nouvelle position au classement général, car fatalement l’horizon finira par se dégager au fil des jours pour ne laisser en place que les favoris dignes de ce nom dans ce tour d’Italie à tiroirs : «En tant que spécialiste du chrono, j’espère toujours atteindre le maximum, un podium ou un succès serait énorme. Là, j’ai bien géré la course et c’est ce que je voulais faire. J’ai répondu aux attentes», glissa-t-il avant de poursuivre plus précisément : «À ce stade du Giro, je suis là où je voulais être. C’est juste la première étape, qui est faite.»
L’expérience de ses deux participations précédentes aidant, Bob Jungels, comme un poisson dans l’eau dimanche, sait toutefois que le plus dur reste à faire, avec l’approche des montagnes qu’on annonce enneigées, comme plusieurs photographies du Gavia (16e étape), circulant sur les réseaux sociaux, l’attestaient dimanche. Pas de nature, bien sûr, à refroidir l’ancien sauteur à skis Primoz Roglic. Il se murmure qu’à l’instar de plusieurs éditions passées dans l’histoire du Giro, certains cols seront escamotés, certains itinéraires recomposés, en fonction des conditions météorologiques qui ne seraient pas près de s’arranger. Nous n’en sommes pas encore là. Aujourd’hui lundi, c’est repos. Enfin du repos…
De notre envoyé spécial à Saint-Marin, Denis Bastien
Les positions des favoris
Après ce chrono de Saint-Marin et une semaine de course, la hiérarchie, et alors que la montagne n’est pas arrivée, semble désormais s’établir comme suit. Évidemment, il n’est pas exclu que des coureurs toujours placés aux avant-postes du général, comme Amador, Antunes, Madouas et Bilbao, fassent un peu de résistance. Mais il est clair que Primoz Roglic a relégué loin ses rivaux directs, qui n’auront d’autre choix que d’attaquer de loin en montagne pour tenter d’isoler le Slovène.
1. Roglic
2. Nibali à 1’44
3. Mollema 1’46
4. Jungels 2’18
5. Formolo 2’52
6. Majka 2’53
7. Oomen 3’12
8. Carapaz 3’16
9. Zakarin 3’32
10. Yates 3’46
11. Kangert 4’01
12. Sivakov 4’11
13. Lopez 4’29…