Le F91 se sacre sur le terrain de Hostert après un improbable retournement de situation : l’équipe de Dino Toppmöller a évité le pire de peu.
Il y a des équipes qui aimeraient être à la place du F91. La saison que le champion vient de livrer est sans équivoque : Dudelange vient de jouer un demi-championnat en plus que toutes les autres équipes de DN, «à cause» de la Coupe d’Europe. Dino Toppmöller n’en revient toujours pas : «On va encore en parler dans plusieurs années.»
Oui, le technicien du F91 est euphorique : son équipe vient de vivre une saison historique. L’intéressé en a encore les souvenirs : «J’ai dit à mes joueurs avant la rencontre qu’il faut aller chercher le titre pour couronner notre saison. On a vécu des moments pleins d’émotion et les joueurs se sont arrachés, ici, à Hostert. Je suis très fier d’eux.»
Le plus dur et le plus beau
Oui, même Toppmöller a encore du mal à réaliser ce qui vient de se passer. Lors de cette saison mais aussi lors de cette rencontre, qui résume à merveille neuf mois de contrastes : «Émotionnellement, c’était une saison très dure à gérer pour moi, avec les rencontres d’Europa Ligue puis nos matches de championnat, notre gagne-pain. À 3-0, je croyais être dans un mauvais film, mais mes joueurs ont démontrés des qualités mentales hors normes cette saison.»
Les joueurs se sont rassemblés au centre du terrain lors du coup de sifflet final pour fêter dignement ce titre et comme il le faut, avec du champagne. Dave Turpel est également aux anges : «Notre début de deuxième mi-temps a été catastrophique. Tu crois vivre un cauchemar, mais voilà, on s’est arraché. Sur mon but, je voulais faire un centre, mais je la prends mal, puis elle se loge dans la lucarne, incroyable.»
Jerry Prempeh, le rugueux défenseur du F91, va même plus loin en affirmant que ce titre est le plus dur qu’il ait eu à conquérir : «Oh oui, car on a accumulé les matches et du retard lors de la phase aller, mais on est toujours restés unis. À 3-0, je me suis dit qu’il y avait encore du temps, et puis vous savez, dans le foot, tout va vite, comme on a pu le constater encore cette semaine.»
Tout le monde s’accorde à dire que ce titre est l’un des plus beaux du F91, il manquait la manière par moments et il y avait pas mal de doutes dans cette équipe, comme en atteste ce quart d’heure pourri après la pause, où Hostert l’a malmené et laissé tout près du gouffre, avec trois points d’avance seulement sur le Fola et, donc, un gros doute sur la dernière journée à venir.
Becca : « On fera les comptes à la fin »
Mais voilà, le F91 est un serial killer et a arraché sa quinzième couronne nationale. Mais la première pour Clément Couturier, venu des Herbiers, en début de saison : «Notre prestation résume un peu notre saison, car on a laissé pas mal d’énergie dans la Coupe d’Europe, il y a des joueurs qui ont disputé plus de cinquante matches. Les batteries sont à plat. On a démontré des qualités mentales pour retourner une situation improbable.» Le milieu de terrain va même plus loin dans son analyse : «Je ne savais pas où je mettais les pieds en début de saison, mais voilà, je viens de jouer l’Europa Ligue puis on gagne le titre de champion. Les joueurs sont peut-être un peu stressés quant à la situation du club. Cela a pu jouer sur les performances de certains.»
La saison du F91 est tout simplement exceptionnelle, les avis sont unanimes. Et c’est aussi ce que pense le président d’honneur, Théo Fellerich : «Ce titre est très beau, mais c’était loin d’être fait en début de saison. Le club a gardé son calme et j’ai énormément confiance en notre sponsor pour qu’il prenne les bonnes décisions.»
Tiens, d’ailleurs, Flavio Becca était également présent à Hostert, mais l’argentier n’a pas apprécié ce qu’il a vu : «La prestation de l’équipe fut catastrophique, je n’ai pas aimé du tout. La saison sera uniquement exceptionnelle en cas de victoire en Coupe de Luxembourg. On fera les comptes à la fin.» Avant de lancer une dernière banderille : «Attendez la saison prochaine, vous serez encore très surpris. Je ne dirai plus rien à ce sujet pour l’instant.»
Fabrice Baur