Le groupe Bolloré a perdu vendredi à Paris une action en diffamation contre le journaliste de France Inter Benoît Collombat et l’ancienne directrice des éditions Calmann-Lévy Florence Sultan, et de nouveau été condamné pour procédure abusive.
Le groupe attaquait Benoît Collombat et Florence Sultan sur un texte publié dans un ouvrage collectif intitulé Informer n’est pas un délit.
Ce texte, rédigé par Benoît Collombat et publié en 2015 dans un ouvrage comportant onze autres textes écrits par d’autres journalistes, qualifiait la stratégie du groupe Bolloré contre les médias de stratégie des « filets dérivants ».
Benoît Collombat y évoquait les poursuites engagées par le groupe pour des extraits d’un reportage de 40 minutes diffusé en mars 2009 sur France Inter et intitulé « Cameroun, l’empire noir de Vincent Bolloré ». Ces poursuites avaient abouti à une condamnation de la radio et de son journaliste en 2010, pour diffamation.
Vendredi, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé Benoît Collombat et Florence Sultan, jugeant que les propos visés n’étaient pas diffamatoires.
Il a en outre condamné le groupe Bolloré pour « abus de constitution de partie civile » à verser 9000 euros à Benoît Collombat et 1000 euros à Florence Sultan en réparation de leur préjudice moral.
Cette action en diffamation « a entraîné une procédure de plusieurs années, la préparation du procès et la comparution de Benoît Collombat à deux demi-journées et un début d’après-midi d’audience et ce, pour répondre en partie de propos déjà jugés en 2010, après trois journées d’audiences en 2009 et 2010, lui faisant ainsi revivre ce qu’il a qualifié d’épreuve », souligne le jugement.
Le milliardaire Vincent Bolloré et son groupe sont coutumiers des procédures à l’encontre de journalistes ou de médias.
Le 27 mars, le groupe a été condamné en appel pour « procédure abusive » face à France Télévisions, à qui le groupe de l’industriel réclamait 50 millions d’euros après la diffusion d’une enquête-portrait de l’homme d’affaires.
Début mars, il avait aussi été condamné pour procédure abusive contre le journaliste Nicolas Vescovacci, auteur du livre Vincent tout-puissant. Le groupe a aussitôt fait appel.
AFP