L’aventurier qui traverse depuis quatre mois l’Atlantique à bord d’un tonneau, a presque gagné son pari : Jean-Jacques Savin, 72 ans, a déjà franchi la ligne atteinte en 1952 par son père spirituel le navigateur Alain Bombard et entrera bientôt en mer des Caraïbes.
L’ancien militaire et baroudeur se trouvait jeudi « à 450 km de la terre la plus proche, Saint-Barthélémy », dit-il, contacté par téléphone satellite. « La traversée sera terminée quand je serai dans le méridien qui entre dans la mer des Caraïbes », ajoute Jean-Jacques Savin qui estime pouvoir symboliquement le franchir la semaine prochaine. « Là, je pourrai dire, ça y est, j’ai fini, j’ai gagné. » Ce baroudeur grand sportif s’est lancé à la mer le 26 décembre de l’île d’El Hierro dans les Canaries, pour traverser l’Atlantique mû par la seule force des courants.
Par goût de l’aventure et amour de la « sensation de liberté », il aura, ce vendredi, passé 121 jours dans une embarcation orange, en forme de tonneau. Fabriquée dans un petit chantier naval de Gironde, elle mesure à peine trois mètres de long, avec un diamètre principal de 2,10 m et un espace de vie de 6 m².
Le 20 avril, « à 4h06 », il a croisé le méridien de la Barbade franchi après 65 jours de traversée par Alain Bombard, son « père spirituel » dont il a lu et relu l’ouvrage Naufragé volontaire. En 1952, ce médecin avait traversé l’Atlantique en solitaire sur un canot pneumatique, avec voile et avirons, sans eau ni nourriture, survivant de poisson et de plancton, pour tester la capacité de survie en mer. « Sur un pneumatique de 4,50 m, il n’avait pas de GPS, ni de suivi satellite », salue son disciple.
Son « compagnon » de galère
Jean-Jacques Savin, lui, n’a plus de flèche pour harponner les daurades qui lui assuraient « quelques omega 3 » et qui depuis le « narguent », sourit-il. « J’ai encore quelques boîtes de thon. Il y a cinq jours, j’ai commencé à me rationner », ajoute ce grand sportif, déjà mince et musclé avant son départ. Après 4 700 km parcourus (calculés en ligne droite), l’homme est « toujours heureux, (se) baigne tous les jours », avec néanmoins le « point d’interrogation » que représente la question de son arrivée.
Une fois entré en mer des Caraïbes, l’homme compte publier la photo de son relevé GPS. « J’y mets un point d’honneur », dit-il, par crainte des « détracteurs ». Car il projette, quand il sera près des côtes – ce pourrait être dans une dizaine de jours – de trouver un cargo qui puisse le prendre en charge avec son tonneau. Il serait conduit dans l’idéal en Martinique où l’attendront sa compagne et ses amis.
Pas question pour lui d’envoyer un signal de détresse qui lui assurerait une prise en charge par les secours. « Dans ce cas, on coulerait le tonneau. Je ne supporte pas l’idée de le voir partir au fond de l’eau », dit-il. D’autant que son « compagnon », comme il l’appelle, devrait faire l’objet d’expositions dans nombre des festivals et autres événements qui réclament la venue du héros.
LQ/AFP