Invraisemblable. L’élection à la présidence de l’Ukraine du comédien Volodymyr Zelensky est un nouveau coup de massue pour les politiciens établis. Il s’agit d’un nouveau point d’orgue de la vague mondiale anti-élites. Sans les nouveaux médias, de telles surprises électorales ne seraient certainement pas possibles. De l’autre côté, les élites politiques ne cessent de faire preuve d’une arrogance du pouvoir, qui est de moins en moins tolérée par les électeurs.
En Ukraine, le facteur majeur pour choisir un novice, dépourvu de toute expérience politique, repose sur la frustration liée à un camp politique corrompu. L’espoir placé dans le président sortant Petro Porochenko ne s’est jamais traduit par une diminution de ce fléau suscitant l’ire des simples travailleurs.
Le raz-de-marée signé dimanche constitue un énorme défi pour le futur président ukrainien. Volodymyr Zelensky a bien promis de lutter activement contre la corruption. Il existe cependant un gouffre entre faire le récit d’un tel texte sur un plateau de télévision et le réaliser dans la vraie vie. Est-ce qu’un comédien sera pris au sérieux par les puissants acteurs économiques, agissant dans les coulisses du pouvoir ? Aujourd’hui, rien n’est moins sûr.
Une bonne nouvelle est par contre que Volodymyr Zelensky reste tourné vers l’Occident. L’Union européenne se dit prête à travailler étroitement avec le nouveau dirigeant ukrainien. Un sentiment étrange doit toutefois habiter Bruxelles en ouvrant un nouveau chapitre avec un comédien, qui en jouant à la TV le président ukrainien, a gagné une popularité suffisante pour s’ouvrir les portes du vrai palais présidentiel. Mais n »étant plus sur des plateaux de tournage de fiction, il n’aura plus le droit à l’erreur.
Relancer les négociations de paix avec Moscou est également une initiative louable. Se faire respecter par le président russe, Vladimir Poutine, sera difficilement réalisable. Moscou espère de meilleures relations avec le nouveau président ukrainien. Le désormais ex-comédien devra faire attention de ne pas devenir la marionnette du Kremlin.
David Marques