Le Premier ministre, Xavier Bettel, et la Chambre des députés ont officiellement présenté ce mardi après-midi leurs excuses à la communauté juive pour la contribution de l’État luxembourgeois à la persécution des juifs lors de la Deuxième Guerre mondiale.
L’acte est hautement symbolique et l’émotion était palpable mardi après-midi à la Chambre des députés. Sur base du rapport de l’historien Vincent Artuso, qui est venu confirmer que l’État luxembourgeois avait, sous le joug des Nazis, contribué à persécuter les juifs du pays, une résolution présentant des excuses officielles à la communauté juive a été adoptée à l’unanimité.
Très ému, le Premier ministre, Xavier Bettel, a suivi l’appel de la Chambre et présenté à la tribune du Parlement les excuses officielles de la part du gouvernement. «On n’a pas tous été des héros (…) C’est pourquoi je tiens à présenter au nom du gouvernement nos excuses vis-à-vis des familles juives de l’époque et vis-à-vis des juifs d’aujourd’hui. Il reste un important travail à fournir. Je me réjouis que la Chambre est unanime à nous accompagner sur ce chemin», a notamment souligné le chef du gouvernement.
Bientôt un monument
Avant lui, les représentants des différents partis, dont les jeunes députés Serge Wilmes (CSV), Lex Delles (DP) et Franz Fayot (LSAP), avaient livrés leurs réflexions très dignes sur le sujet. Le débat de consultation sur le rapport Artuso s’est clôturé par les mots du président de la Chambre des députés, Mars Di Bartolomeo.
«En présentant ses excuses à la communauté juive, la Chambre prend ses responsabilités pour un sombre et dramatique chapitre de notre histoire, qui doit encore être travaillé. Il faut mettre les moyens nécessaires pour avancer dans ce domaine essentiel afin d’éviter que cela ne se reproduise. On s’incline avec notre profond respect», a conclu le premier citoyen du pays.
Après ces excuses officielles, le Gouvernement et la Chambre souhaitent encore avancer sur des rapports concernant les comptes dormants au Luxembourg mais aussi la spoliation des juifs. Un monument de commémoration nationale de la persécution des juifs ainsi qu’une amélioration de l’enseignement de l’histoire concernant ce chapitre sont d’autres pistes à concrétiser.
David Marques
Retrouvez l’intégralité du compte-rendu de ce débat historique dans notre édition papier de mercredi.
La Chambre des Députés reconnaît et déplore profondément les souffrances infligées à la communauté juive durant l’occupation nazie du Luxembourg et exprime ses excuses, alors que du fait des actes fautifs commis, la responsabilité de l’autorité publique luxembourgeoise se trouve engagée. Telles sont en effet les principales conclusions que la Chambre des Députés tire du rapport de M. Vincent Artuso « La « question juive » au Luxembourg (1933-1941) – L’Etat luxembourgeois face aux persécutions antisémites nazies », dans une résolution adoptée à l’unanimité au cours de la séance plénière de ce mardi 9 juin 2015, au cours de laquelle le Premier Ministre a également présenté ses excuses pour les mêmes faits au nom du Gouvernement. La résolution, qui a été élaborée au cours de huit réunions de la Conférence des Présidents et de la Commission des Institutions, met également en avant l’engagement solennel du Parlement de faire tout son possible afin que de telles atrocités ne puissent se reproduire, de continuer à défendre avec vigueur les droits de l’Homme et de lutter contre toute forme d’antisémitisme, de racisme et de xénophobie, tout en rappelant l’importance de poursuivre les recherches historiques à ce sujet. Saluant les actes de courage de certains habitants du Luxembourg qui ont sauvé des Juifs du sort tragique qui les menaçait, la Chambre des Députés intègre ainsi la communauté juive, qui n’a jusqu’ici obtenu aucune reconnaissance officielle de la part de l’Etat, dans la communauté des victimes du régime national-socialiste, à savoir les résistants, les enrôlés de force, les déportés, les personnes traquées pour leurs convictions politiques ou religieuses ou les volontaires des Brigades Internationales de la Guerre d’Espagne.
70 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le Gouvernement entend rendre justice aux membres de la communauté juive, résidant au Luxembourg au début de la guerre ou y réfugiés en provenance d’autres pays pour échapper au déferlement de l’horreur nazie et qui sont devenus par la suite les victimes des mesures décrétées par l’occupant. Dans ce contexte, le Gouvernement présente ses excuses à la communauté juive pour les souffrances qui lui furent infligées et pour les injustices commises à son endroit et reconnaît la responsabilité de certains représentants de l’autorité publique dans l’incommensurable qui a été commis. Même si, par la force des choses, nous jetons aujourd’hui un regard autre et nécessairement plus distancié sur les événements de l’époque, ils nous invitent à tirer les leçons de l’histoire et à rester vigilants face à l’antisémitisme, au négationnisme et en général à toutes les discriminations. Tout n’a pas été dit. C’est pourquoi le Gouvernement prend l’engagement solennel d’œuvrer pour une société qui n’oubliera jamais et qui sera porteuse des valeurs de tolérance et de respect d’autrui.