Entre la salle des musiques actuelles Le Gueulard + et le mythique café-concert Le Gueulard, rue Clémenceau, à Nilvange, les amateurs se perdent. Malgré une histoire commune, les responsables des deux lieux, pourtant complémentaires, peinent à s’entendre.
« Il y a une confusion autour du nom, c’est vrai », reconnaissent les élus du Val de Fensch, Lucie Kocevar et Michel Liebgott. Les amateurs de soirées culturelles ont vite fait de s’y perdre même si la programmation des deux lieux est totalement différente. Le bon sens n’aidant pas les choses, c’est finalement la justice qui devra décider de la propriété du nom symbolique.
Au printemps dernier, Mauro Albanese, gérant du café-concert, a engagé un recours devant le tribunal de commerce de Thionville pour dénoncer l’utilisation abusive du nom du Gueulard par la nouvelle salle. Pour comprendre les enjeux de l’affaire, il faut en rappeler l’histoire. Le Gueulard est né en 1984, quand une poignée de militants associatifs rachètent le café qui va très vite devenir un lieu de culture emblématique, première scène de musique actuelles de la région en 1996.
Mais rattrapé par la loi sur le bruit au début des années 2000, Le Gueulard – sis dans un petit immeuble d’habitation – est contraint de fermer ses portes aux musiques amplifiées. Naît alors le projet d’une nouvelle salle dédiée aux musiques actuelles. Porté par l’association Pavé, dont Mauro est partie prenante, et par la communauté d’agglomération du Val de Fensch, le projet aboutit en 2014.
Crainte d’une fermeture
Le Gueulard +, sorti de terre sur le site de l’ancienne piscine de Nilvange, ouvre ses portes à quelques pas du ‘vieux’ café. « À l’époque, le nom – choisi par l’équipe du Pavé – ne devait pas poser de problème. On n’envisageait pas que le café perdure », expliquent les élus du Val de Fensch.
Mais pour Mauro Albanese, l’histoire diffère. Engagé dans le projet du Gueulard + et parmi les premiers salariés de la nouvelle structure, il s’en est éloigné en 2015. Des conflits personnels mais aussi un projet dans lequel il « ne se retrouve plus », le pousse à rompre son contrat. « La manière de faire n’était pas la mienne… Je voulais conserver la liberté de programmer des choses qui ne le seraient pas ailleurs », explique-t-il. « D’autant que les deux lieux existaient dans le projet de préfiguration, il pouvait y avoir une complémentarité. Ce qui est prouvé aujourd’hui. »
Depuis quatre ans aux manettes du café, qui n’a jamais complètement fermé ses portes, Mauro a relancé une programmation régulière de théâtre amateur, de projets acoustiques et autres débats et rencontres. « Le lieu vit naturellement. » Mais sans subventions et avec toujours la crainte d’une fermeture administrative. Au-delà de la bataille du nom, désormais dans les mains du tribunal, c’est bien la question des conditions d’existence du café Le Gueulard comme un lieu de culture alternative, qui reste posée.
Lucie Bouvarel (Le Républicain Lorrain)