Acheter des vêtements, des sacs, des bijoux équitables, c’est possible jusqu’à ce dimanche aux Rotondes, à l’occasion des Fair Fashion Days.
«Les vraies ‘fashion victims’, ce ne sont pas celles et ceux qui font une addiction aux achats vestimentaires compulsifs. Ce sont les femmes et les enfants qui les fabriquent à 7 000 km d’ici.»
Jean-Louis Zeien, le président de l’ASBL Fairtrade Lëtzebuerg, et Andreas Vogt, le directeur du pôle accueil et solidarité chez Caritas, se souviennent encore du drame qui a frappé des centaines de familles au Bangladesh, lors de l’effondrement du Rana Plaza, le 24 avril 2013.
Le bâtiment, qui abritait plusieurs ateliers de confection travaillant pour diverses marques internationales de vêtements, s’était effondré le matin, peu après l’heure de début du travail. Des consignes d’évacuation données la veille, après l’apparition de fissures, avaient été ignorées par les responsables des ateliers.
Au total, plus de 1 100 personnes y avaient perdu la vie pour 2 500 rescapés, parmi les 5 000 personnes travaillant dans les entreprises textiles.
«Il ne faut plus que cela se reproduise, on ne veut plus jamais de Rana Plaza», dit Jean-Louis Zeien. Oui, mais voilà : depuis cette tragédie, les conditions de travail dans de nombreux pays où sont fabriqués les vêtements portés en Occident n’ont pas réellement changé. Pour autant, la solution, selon Andreas Vogt, ne consiste pas à «éteindre la télé pour éviter de voir les mauvaises nouvelles, mais de la laisser allumée tout en essayant d’agir pour se battre contre les injustices».
Conscience du consommateur
Et des conditions de travail difficiles au Bangladesch, en Inde, en Éthiopie, le consommateur européen en est désormais conscient.
Pour Paulette Lenert, la ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, cette conscience doit servir à faire changer les choses. «Nous avons la chance au Luxembourg de savoir lire, écrire, raisonner», assure la ministre, qui admet toutefois la nécessité de «réglementer les marchés et travailler sur tous les plans».
Cependant, elle reste «persuadée que si les gens sont informés, ils changeront leurs habitudes et auront un impact qui sera beaucoup plus rapide que les actions politiques, qui mettent parfois trop de temps à être adoptées». Elle ajoute qu’une politique similaire à celle du Rwanda où l’utilisation de sacs en polyéthylène est strictement interdite depuis 2004, et où progressivement, toute utilisation du plastique est devenue prohibée «ne correspond pas à l’idée que l’État luxembourgeois se fait de l’État de droit».
Que doit faire le consommateur alors? Essayer d’acheter européen, faire des petites recherches pour comprendre où et comment ont été fabriqués les vêtements qu’il souhaite acheter, privilégier les achats équitables? «Tout simplement se poser les bonnes questions sur ses habitudes de consommation, également pour les vêtements», explique Jean-Louis Zeien.
«Élargir l’offre équitable»
Car le circuit court ne vaut pas seulement pour les légumes biologiques achetés chez le producteur du coin. Et même en matière de bijoux, il est possible de prêter une attention particulière à la provenance de l’or et des diamants.
Vendredi, et jusqu’à ce dimanche, aux Rotondes, une trentaine d’acteurs luxembourgeois et étrangers engagés dans une démarche éthique, mais aussi des créateurs spécialisés en «upcycling» (lire encadré jaune) participent aux Fair Fashion Days, organisés par l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg et la Fondation Caritas. «C’est une bonne manière d’élargir l’offre en matière d’achat équitable», explique Jean-Louis Zeien.
Les clients pourront y acheter des vêtements dont la fabrication respecte les droits de l’homme et l’environnement.
Sarah Melis