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Ouverture du procès d’un groupuscule islamiste


Mohammed Achamlane, porte-parole de Forsane Alizza, tient une conférence de presse, le 27 janvier 2012 à Paris. (photo AFP)

Barbe fournie, vêtu de noir : le chef du groupe Forsane Alizza, accusé d’avoir voulu préparer des attaques islamistes en France, s’est présenté lundi au premier jour du procès au tribunal correctionnel de Paris.

Mohamed Achamlane, 37 ans, « émir » du groupe, qui assure avoir créé ces « cavaliers de la fierté » dans le seul but de lutter contre « l’islamophobie », comparaît aux cotés de 12 autres personnes. Deux autres prévenus n’étaient pas présents à l’ouverture de l’audience. Six des prévenus comparaissent détenus. Tous risquent jusqu’à 10 ans de prison au terme du procès.

Visage rond, Mohamed Achamlane est apparu les cheveux grisonnants. Il avait fondé le groupe Forsane Alizza et le site du même nom, à la tête duquel il organisait des manifestations, notamment contre la loi interdisant le voile intégral. Des propos virulents lui avaient déjà valu de se retrouver devant la justice en 2011, pour provocation à la discrimination raciale ou religieuse.

En janvier 2012, Forsane Alizza avait été dissous par le ministère de l’Intérieur, accusé de prôner la lutte armée. Ses membres avaient alors été surveillés et fin mars 2012 les enquêteurs, estimant disposer « d’éléments laissant craindre que le groupe ne possède des armes et ne passe à l’action violente », avaient lancé un coup de filet, interpellant 17 personnes à travers la France.

L’affaire avait fait grand bruit en pleine campagne présidentielle, François Bayrou dénonçant une « mise en scène », Martine Aubry un « spectacle ». Le président sortant Nicolas Sarkozy avait parlé d' »éléments extrêmement sérieux », mais le procureur de Paris avait tempéré, évoquant un projet sans « tentative de commencement d’exécution ».

« Par Allah tout puissant, on va lui mettre des cicatrices à la France »

Au terme de l’instruction, l’accusation a estimé que la saisie d’armes ou de fichiers informatiques sur la confection d’explosifs, des « consignes de recrutement » évoquant l’entraînement au tir ou encore des « cibles » – la liste de commerces juifs de région parisienne, dont un à Sarcelles avait été l’objet d’une attaque à la grenade – démontrait que le groupe préparait des attaques jihadistes. D’autant que peu avant son interpellation, Achamlane lançait dans un « chat » sur internet: « Par Allah tout puissant, on va lui mettre des cicatrices à la France ».

De son côté, la défense a dénoncé l’absence de démonstration « tangible » de projets terroristes. « Tout le débat est de savoir s’il y avait préparation d’actes terroristes », a estimé en arrivant à l’audience Me Bérenger Tourné, avocat d’Achamlane. Pour lui, les armes comme les fichiers informatiques étaient en possession de son client depuis longtemps et ne démontrent pas une « résolution à agir ».

Le procès devrait se poursuivre jusqu’au 22 ou 23 juin et la décision être rendue le 10 juillet.

AFP