Markus Frohnmaier, député du parti d’extrême droite allemand AfD, pourrait être « totalement contrôlé » par la Russie et agirait en faveur des intérêts russes, affirme vendredi la BBC, après une enquête menée avec d’autres médias.
La BBC, qui a enquêté avec les médias allemands Der Spiegel et ZDF et le journal italien La Republicca, s’appuie sur plusieurs documents russes pour étayer ses soupçons à l’égard de Markus Frohnmaier, âgé de 28 ans et élu du Bade-Wurtemberg depuis septembre 2017 à la Chambre basse du Parlement.
Un document obtenu par « Dossier Center », organisation fondée par l’ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski visant à démonter les ingérences russes à l’étranger, détaille les supposées tentatives de Moscou d’influencer les décideurs dans toute l’Union européenne sur des sujets tels que la Crimée ou l’Ukraine.
Ce document est complété par un email en pièce jointe, intitulé « Élections au Bundestag ». Il évoque nommément Markus Frohnmaier, dont « les chances d’être élu au Bundestag sont grandes », et dont la campagne électorale doit être « soutenue ».
« Résultat : nous aurons notre propre député au Bundestag », affirme le mail.
L’accusé nie tout en bloc
Petr Premyak, ancien officier de contre-espionnage et ancien membre de la Chambre haute du Parlement russe, a reconnu auprès de la ZDF être l’auteur du mail, et non du document global, selon la BBC. Le destinataire était Sergei Sokolov, un haut fonctionnaire de l’administration de Vladimir Poutine. Rien n’indique cependant que la Russie ait apporté un « soutien matériel » à la campagne de Markus Frohnmaier, selon la BBC.
Un autre document, datant d’avril 2017 et intitulé « Frohnmaier election campaign/action plan (draft) », évoque, « en plus du soutien matériel », un « soutien médiatique ».
Markus Frohnmaier a assuré à la BBC qu’il n’avait aucune connaissance de ces documents. « Notre client souligne qu’il n’a jamais été sous le contrôle d’un tiers. Notre client n’a pas demandé ou reçu d’aide financière (…) directement ou par l’intermédiaire de tiers », ont répondu ses avocats dans une déclaration.
Le député s’est cependant régulièrement prononcé contre les sanctions de l’UE à l’encontre de Moscou et s’est rendu en Crimée, territoire ukrainien annexé par la Russie en 2014, ainsi que dans la partie Est de l’Ukraine contrôlée par des séparatistes pro-russes.
De nombreuses formations d’extrême droite européennes ont eu des liens politiques et financiers avérés avec Moscou et prônent un rapprochement avec Vladimir Poutine, à l’instar du Rassemblement national français.
AFP