Une avocate de familles endeuillées par l’accident mortel en 2017 d’un car scolaire à Millas a souhaité jeudi la mise en examen du médecin traitant de la conductrice pour administration abusive d’un somnifère.
Cette avocate, maître Jehanne Collard, a indiqué avoir demandé au juge d’instruction « qu’il demande au parquet un réquisitoire supplétif pour élargir l’information au médecin ». Le parquet n’avait pas été saisi jeudi, a affirmé le procureur de la République de Marseille Xavier Tarabeux, rappelant que la mise en cause du somnifère Zopiclone a « déjà été évoquée dans le dossier d’instruction ».
Selon l’avocate, qui défend les familles de trois des six collégiens tués, le médecin traitant porte « une responsabilité pénale » pour avoir prescrit pendant deux ans ce somnifère à la conductrice. La notice du Zopiclone en limite la durée d’administration à deux mois et prévient qu’il peut affecter les réflexes de conduite. Me Collard avait déjà affirmé en décembre dernier que la conductrice prenait ce somnifère depuis sept ans.
Elle a relancé l’affaire après une réponse sur la dangerosité du médicament adressée par Sanofi, son fabricant, au juge d’instruction. Selon elle, il en découle qu’une administration prolongée du Zopiclone peut en « potentialiser les effets », parmi lesquels des « absences ». « Pendant quelques minutes vous ne savez plus où vous êtes et qui vous êtes », c’est « probablement ce qui s’est passé lors de l’accident », une collision entre le car et un train à un passage à niveau, a-t-elle avancé.
Son avocat dénonce une manipulation
Me Jean Codognès, l’avocat de la conductrice – mise en examen pour « homicides et blessures involontaires par imprudence » – a dénoncé une manipulation. « En diffusant ce genre d’informations, on essaie de mettre dans la tête des gens » que la conductrice a franchi le passage à niveau alors que « les barrières étaient fermées, ce qu’à l’heure actuelle rien ne permet d’établir », a-t-il dit. Le procureur de Marseille avait indiqué en décembre dernier qu’ « en l’état de l’instruction », les expertises démontraient que la conductrice aurait franchi le passage alors que les « barrières étaient fermées ». Me Codognès, dont la cliente a toujours soutenu le contraire, a précisé avoir obtenu en octobre qu’un « complément d’expertise » soit mené.
Xavier Tarabeux a rappelé jeudi que selon la notice transmise par Sanofi, la prise de cette molécule « est déconseillée moins de 12 heures avant une activité nécessitant de la vigilance ». En l’occurrence, la conductrice avait affirmé avoir pris « un demi comprimé à 20h la veille » du drame survenu dans l’après-midi, une déclaration « plutôt corroborée par les traces relevées lors de l’analyse sanguine », a-t-il ajouté. « Mais l’instruction n’est pas terminée. »
LQ/AFP