Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a demandé mardi « des efforts supplémentaires » au gouvernement populiste italien pour sauvegarder une croissance économique de plus en plus menacée.
« Je suis un peu inquiet de voir que l’économie italienne ne cesse de régresser. Je voudrais que les autorités italiennes fassent des efforts supplémentaires pour maintenir en vie la croissance économique », a déclaré Jean-Claude Juncker lors d’un point de presse commun à Rome avec le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte. Alors que le budget 2019 sur lequel Rome et la Commission se sont accordées en décembre prévoyait une croissance de 1%, « nous savons aujourd’hui que ce chiffre doit être révisé vers le bas », a-t-il ajouté.
Le ministre italien de l’Économie, Giovanni Tria, a évoqué dimanche la possibilité d’une croissance nulle, tandis que la Commission, qui tablait en février sur une hausse du PIB italien de 0,2%, doit réviser ses prévisions en mai. « Vu la lourde dette publique italienne, toutes les politiques gravitant autour de la notion de relance budgétaire seront limitées », a prévenu Juncker. « Mais nous restons en contact pour voir comment nous allons procéder ».
Réforme des retraites dans le viseur
L’accord de décembre sur le budget « ne change pas », a cependant assuré Conte, en énumérant les mesures entamées ou en projet pour relancer l’économie via une « politique budgétaire expansive mais responsable » et en insistant sur le fait que l’ensemble de la zone euro était concernée par le ralentissement économique. « Il faudrait que les États membres disposant d’une plus grande marge de manœuvre fiscale l’utilisent pour soutenir la demande interne et les investissements publics, pour permettre à l’Europe de croître à plein potentiel et de faire face à cette tendance négative », a-t-il réclamé, dans une allusion à l’Allemagne, même s’il ne l’a pas citée.
Lundi, l’OSCE avait dressé un constat assez alarmant de la situation économique italienne. L’organisation table sur un recul du PIB italien de 0,2% en 2019 et un déficit public à 2,5%, nettement au-dessus des 2,04% promis par Rome. Elle estime que la dette publique va même grimper à 134% du PIB en 2019 et 135% en 2020, contre 132% en 2018, qui représentait déjà un record absolu.
L’OSCE a souligné les conséquences négatives pour les finances publiques des mesures phares adoptées par la coalition populiste : la réforme des retraites et le revenu de citoyenneté. La réforme des retraites, avec un départ anticipé, « ralentira la croissance à moyen terme, augmentera la dette publique et les inégalités entre générations », a souligné l’organisation, qui a souhaité que la mesure reste « temporaire ». L’OSCE est un peu plus conciliante avec le revenu de citoyenneté, estimant qu’il aide à « juste titre » les plus démunis. Mais elle s’inquiète qu’il encourage le travail au noir et crée un cercle vicieux de la pauvreté.
LQ/AFP