C’est la surprise du côté des syndicats qui ne pensaient pas que le camp du non remporterait autant de suffrages. Tandis qu’à la Chambre des salariés, on se dit déçu, les fonctionnaires, eux, pensent déjà à des facilités pour obtenir la double nationalité et ainsi pallier le déficit démocratique.
C’est un message fort qu’a fait passer la population luxembourgeoise, hier. Romain Wolff, secrétaire général d’une Confédération générale de la fonction publique (CGFP) qui défendait le non, en est le premier surpris : « Je pensais que le non allait passer. Mais là, le résultat est plus que clair. Je suis vraiment très surpris, presque choqué. La préparation pour ce référendum a été mauvaise, mais le message est fort. Il va falloir que le gouvernement abandonne cette piste du droit de vote des étrangers et exploite celle de la double nationalité, pour en faciliter son obtention sans doute. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est le respect de l’opinion de l’autre. On a vu beaucoup de discours haineux sur les réseaux sociaux pendant cette campagne, la notion de respect est importante. »
«Wiseler et Gibéryen n’ont jamais travaillé»
Tous s’accordent à dire que ces trois questions fondamentales étaient bien trop complexes pour faire l’objet d’un référendum : « Si Mitterrand avait soumis la question de la peine de mort par référendum, la France l’aurait toujours. À chaque fois que l’on posera des questions aussi complexes, ce sera la catastrophe. J’avais raison de dire que ces questions de droits fondamentaux allaient révéler des démons », explique Eduardo Dias, responsable du département immigrés à l’OGBL.
Pour cet immigré qui réside au Luxembourg depuis 25 ans, il s’agit de respecter la décision des Luxembourgeois en leur qualité de peuple souverain. Mais cela ne l’empêche pas de dénoncer les « mensonges énormes du CSV et de l’ADR. Cela fait 25 ans que je paie mes impôts au Luxembourg pour ces incompétents et menteurs de Claude Wiseler et Gast Gibéryen qui n’ont jamais travaillé. Mais c’est également une déroute du gouvernement, peut-être peut-on parler de leur démission? »
Jean-Claude Reding, le président de la Chambre des salariés, est quant à lui « très déçu » du résultat : « Je suis étonné que le non soit si massif. J’avais déjà dit en 2013 que poser une telle question serait dangereux. Il y a un vrai danger de division de notre société. Le gouvernement va devoir prendre une autre direction pour intégrer les non-Luxembourgeois dans le débat démocratique, avec notamment un meilleur accès à la nationalité. Mais aussi via une meilleure représentation démocratique pour les Chambres professionnelles. C’est une question de démocratie pour notre pays. Pour ce qui est de l’autre question importante à mes yeux, le droit de vote à 16 ans, on laisse travailler les jeunes, mais on leur refuse le droit de vote. C’est un désaveu de la jeunesse, les parents ne croient pas en leurs enfants, c’est triste. »
Audrey Somnard