Et à la fin, c’est Roger Federer qui gagne ! C’est un rappel à l’ordre cinglant qu’a adressé à Miami le maestro suisse à ses rivaux habituels et à la jeune garde aux dents longues : à 37 ans, l’heure de la retraite n’a toujours pas sonné.
Son bilan du mois de mars est impressionnant : deux titres (Dubaï et Miami), une finale (Indian Wells) et quelques lignes de plus dans sa légende. Pendant que le n°1 mondial Novak Djokovic digère encore sa déroute nord-américaine (éliminations au 3e tour en Californie et en 8e de finale en Floride) et que Rafael Nadal soigne son genou droit, Federer caracole en tête de la Race, le classement annuel qui offre en fin de saison, aux huit premiers, un billet pour la finale de Londres.
Il surclasse
« C’est pour gagner des gros tournois comme Miami que je continue de jouer. Je suis extatique, car cela me montre que mes décisions, que ce soit pour mes entraînements et mon calendrier, sont les bonnes », a-t-il déclaré, radieux, après avoir soulevé son 101e trophée. A l’exception du Moldave Radu Albot qui l’a fait trembler pour son entrée en lice (4-6, 7-5, 6-3), Federer a surclassé tous ses adversaires. Il a remporté ses cinq derniers matches en deux sets et n’a concédé que 29 jeux, soit moins de six par match !
Sur la route de son quatrième titre à Miami, il n’a certes pas affronté un seul joueur du top 5 mondial, mais il a donné une leçon à deux représentants de la nouvelle génération (Daniil Medvedev, Denis Shapovalov) et neutralisé deux des meilleurs serveurs du circuit (Kevin Anderson, John Isner). La finale (6-1, 6-4) a été écourtée à cause de la blessure d’Isner, mais l’Américain a reconnu avoir « été archi-dominé » avant de ressentir une forte douleur sur le dessus du pied gauche.
« J’ai fait mon meilleur match de la semaine en finale, c’est pour hausser mon niveau match après match que je m’entraîne et ça a marché », s’est réjoui Federer, qui n’a perdu que trois points sur son service contre Isner. Federer l’assure : il ne pense pas au record de 109 titres ATP de Jimmy Connors et à la place de n°1 mondial. Le Suisse a grappillé lundi une place au classement ATP (4e). Il avait répété tout au long de la semaine qu’il ne se fixait pas/plus d’objectifs chiffrés. « Je ne sais pas si je vais remporter un autre titre du Grand Chelem. Il y a de ça plusieurs années, j’étais au même point et j’en ai gagné trois de plus », a-t-il rappelé.
Retour sur terre
La question de son départ à la retraite lui est souvent posée, mais il assure ne pas avoir de date en tête. « Des gens ont parlé des JO-2020 de Tokyo, c’est faux (…) Je ne sais tout simplement pas. Je réfléchis, non pas au jour le jour, mais par bloc de six mois », a-t-il précisé. Tant que sa famille supporte ses absences et accepte de le suivre sur les longs déplacements, tant que son corps ne le fait pas (trop) souffrir et, surtout, tant qu’il « sent capable de battre les meilleurs et de gagner des tournois », le joueur aux vingt titres du Grand Chelem, se voit continuer. « Et en ce moment, ces trois planètes sont alignées », a-t-il insisté.
Il va maintenant relever un défi qui s’annonce compliqué : rejouer sur terre battue après presque trois années d’absence, pour ménager son dos. « C’est peu dire que je ne suis pas très confiant, je ne sais même plus comment on glisse sur la terre battue », a rappelé le vainqueur de Roland Garros 2009. La terre battue n’a jamais vraiment eu ses faveurs et il part cette fois de très loin. « Je n’ai pas joué un seule fois sur terre l’an dernier. L’année d’avant, j’avais dû jouer deux jours et en 2016, j’étais à Monte-Carlo et Rome, mais je ne m’étais pas bien senti du tout », a-t-il rappelé.
Il faudra attendre début mai à Madrid pour voir si le retour sur terre s’est bien passé. « Honnêtement, je n’ai aucune attente. Si cela se passe mal, tout le monde dira que c’était à prévoir. Au pire, cela m’aidera à être prêt physiquement pour la saison sur gazon », a souri Federer.
LQ/AFP