La Fondation Autisme Luxembourg a fait évoluer la connaissance de ce handicap et les structures de prise en charge. Mais elle regrette un marché de l’emploi peu ouvert aux autistes, malgré leurs qualités.
Mardi aura lieu la journée mondiale de la Sensibilisation à l’autisme. Un handicap fréquent mais trop peu connu, car très complexe à définir. Le spectre de ce trouble neurodéveloppemental est très large. Si certains autistes sont incapables de communiquer, d’autres se fondent dans la société à leur manière. Ils peuvent même être de véritables atouts pour les entreprises.
Claude Schmit, le président fondateur de la Fondation Autisme Luxembourg (FAL), en est persuadé, reste à convaincre les acteurs du marché de l’emploi.
L’année dernière, vous avez lancé un groupe de travail sur l’emploi. Quel est son but ?
L’objectif de ce groupe composé de parents d’enfants présentant un trouble du spectre autistique est de développer un cadre et un environnement propices à l’intégration des personnes avec autisme dans le premier marché du travail. Beaucoup de jeunes ont des capacités intellectuelles suffisantes pour intégrer un vrai emploi, pas un atelier protégé.
En outre, ils peuvent être de réels atouts pour les entreprises qui les emploient. Malheureusement, ils ont de grandes difficultés pour intégrer le marché de l’emploi. Parmi les personnes handicapées, ils sont ceux qui trouvent le moins facilement un emploi.
De quelle manière peuvent-ils être des atouts ?
Les autistes sont très mauvais quand il s’agit de manipuler des objets, mais ils aiment effectuer des tâches répétitives, comme par exemple réparer une erreur de programmation informatique à la ligne 1 022. Tout le monde aurait arrêté de chercher avant ou serait passé à côté. Les autistes sont très forts en matière de concentration et ils aiment avoir un cadre dans lequel ils se sentent protégés. C’est pourquoi les tâches répétitives ne les lassent pas. De plus, comme ils ne cherchent pas le contact ou l’interaction avec leurs collègues, ils sont assidus et font peu de pauses.
Avez-vous déjà des contacts avec des entreprises ?
Non, mais nous avons rencontré des représentants de l’Adem (l’Agence pour le développement de l’emploi), mais la rencontre n’a pas été concluante. L’autisme comporte des spécificités que n’ont pas les autres handicaps. Elles ne sont pas prises en compte dans les procédures de l’Adem concernant les demandeurs d’emploi handicapés. Nous ne nous sommes pas sentis compris.
L’autisme est un handicap complexe, difficile à saisir dans son ensemble. Pensez-vous que le public est suffisamment informé à son sujet ?
Non, bien que ce soit un de nos devoirs. Cependant, l’évolution en matière d’information est énorme. Il y a vingt ans, le Luxembourg ne disposait d’aucune structure dédiée aux autistes et les informations dont nous disposions étaient rares. On nous disait que deux personnes sur 20 000 avaient ce handicap, alors qu’aujourd’hui on sait que la prévalence est de un sur cent. Nous venons de très loin et il y a encore pas mal d’améliorations à apporter. Nous souffrons d’un handicap de communication.
Pour améliorer notre communication, nous sommes très présents sur les réseaux sociaux et nous avons lancé le site internet emmerdo.com qui permet de collecter des fonds pour nos activités.
Les structures actuelles sont-elles suffisantes ?
Nous hébergeons des personnes très handicapées qui vieillissent dans nos centres et y décèderont sans doute aussi. Cela a déjà été le cas. Notre plus jeune pensionnaire à vivre dans un de nos cinq foyers de Munshausen et Rambrouch a 19 ans, le plus âgé en a 67. Pour le moment, nous n’avons pas de liste d’attente trop longue. Nous savons que dans quatre ans nous devrons sans doute ouvrir notre nouveau centre à Rambrouch, car de nouveaux jeunes suivront.
Entretien avec Sophie Kieffer