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Les ventes d’armes divisent la coalition au pouvoir à Berlin


L'Allemagne fait partie des quatre ou cinq plus grands pays exportateurs d'armes au monde derrière les leaders américain, russe ou français. (photo AFP)

Les partis au pouvoir en Allemagne ont constaté leur désaccord sur le gel des ventes d’armes à l’Arabie Saoudite, les conservateurs militant, sous pression française et britannique, pour une levée du moratoire auquel tiennent les sociaux-démocrates.

Les dirigeants de la droite conservatrice CDU et leurs partenaires du SPD (centre-gauche) ont tenté en vain, en présence d’Angela Merkel, de trouver une solution mercredi soir, rapporte jeudi la presse allemande.

L’Allemagne a imposé un gel sur les exportations, y compris les ventes déjà approuvées, vers l’Arabie Saoudite depuis l’assassinat en octobre 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul.

Une décision qui a suscité la colère de la France comme du Royaume-Uni car des systèmes communs tombaient sous ce moratoire en raison de composants allemands.

Cette interdiction temporaire a été prolongée à deux reprises déjà, la dernière fois jusqu’au 31 mars. Et à quelques jours de l’expiration du délai, la CDU serait désormais favorable à une levée de l’interdiction, au nom des accords passés avec les partenaires français et britanniques.

Elle invoque en outre les menaces de plusieurs entreprises allemandes d’intenter des actions en justice contre la décision du gouvernement, qui mettrait en péril des centaines d’emplois.

Une solution partielle serait, selon des médias, que la police fédérale, les douanes et la marine allemandes récupèrent six navires patrouilleurs destinés initialement à l’Arabie Saoudite.

Des ventes d’armes impopulaires dans l’opinion allemande

CDU et SPD pourraient trouver en outre un arrangement en donnant leur feu vert à des projets dont la participation allemande est inférieure à 20%.

Mais la partie ne semble pas gagnée au vu des déclarations jeudi du chef adjoint du SPD, Ralf Stegner : « Nous ne voulons pas d’exportations d’armes vers les zones de crise et les dictatures », a-t-il déclaré, rappelant que cette position était inscrite noir sur blanc dans le programme électoral pour les élections européennes de mai.

Cette question a envenimé ces derniers mois les relations entre Berlin, Paris et Londres.

Dans une lettre fort peu diplomatique adressée à son homologue allemand Heiko Maas en février, le ministre des Affaires étrangères britannique, Jeremy Hunt, avait accusé Berlin de manque de loyauté. Mardi, l’ambassadrice de France en Allemagne, Anne-Marie Descôtes, avait critiqué le caractère « imprévisible » de la politique allemande d’exportations d’armes.

L’Allemagne fait partie des quatre ou cinq plus grands pays exportateurs d’armes au monde derrière les leaders américain, russe ou français. Les ventes d’armes sont impopulaires dans l’opinion allemande.

AFP