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Le sens de l’ironie

Des parents qui ont des difficultés pour soigner leur bébé. Un panaris dont l’infection se propage à tout un bras par manque de soins. Des Luxembourgeois couverts par la CNS qui font l’impasse sur leur traitement médicamenteux car ils n’ont pas les moyens d’avancer l’argent… Tout cela est une réalité au Grand-Duché. Comment est-ce possible en 2019, dans le troisième pays le plus riche au monde?

Médecins du monde Luxembourg (MdMLux), qui vient d’être reconnu d’utilité publique, interpelle sur cette incohérence et milite pour que le pays adopte enfin la couverture sanitaire universelle.

«Reconnue comme élément indispensable à la santé et au bien-être des populations, la couverture sanitaire universelle (CSU) est aujourd’hui la gardienne du droit fondamental à la santé.» Cette phrase aurait pu être celle du président de MdMLux, mais non, elle est tirée d’un communiqué du ministère de la Santé et de la direction de la Coopération au développement et de l’Action humanitaire publié le 7 avril 2018.

Comble de l’ironie, dans ce communiqué, le Luxembourg dit s’engager grâce à un partenariat avec l’Union européenne et l’Organisation mondiale de la santé à promouvoir la CSU. Leur but étant «que chaque personne, où qu’elle soit, ait accès aux services de santé de qualité sans subir de difficultés financières». L’État luxembourgeois encourage donc depuis 2013 des pays moins riches que lui dont le Laos, le Burkina Faso ou encore le Niger à adopter une mesure que lui-même n’a pas mise en place. Cela laisse d’autant plus perplexe, lorsque l’on sait que 2013 correspond au début du travail de MdMLux.

Dans la deuxième partie du communiqué, Lydia Mutsch, alors ministre de la Santé, évoque tout de même le problème du Luxembourg et réitère sa volonté de «poursuivre les travaux entamés […] pour qu’on arrive à toucher tous ceux qui sont particulièrement à risque. Car nous devons garantir le droit de tous ceux qui vivent au Luxembourg d’accéder à des services de soins».

Voilà pour le constat (déjà ancien), désormais on attend les actes.

Audrey Libiez