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Brexit : Theresa May pourrait renoncer à un troisième vote sur l’accord de retrait de l’UE


Si elle essuie un nouvel échec au Parlement, le Royaume-Uni pourrait "ne pas quitter l'UE pendant des mois, si ce n'est jamais", a prévenu Theresa May. (Photo : AFP)

La Première ministre britannique, Theresa May, pourrait renoncer à soumettre la semaine prochaine de nouveau au vote des députés l’accord de retrait négocié avec l’Union européenne si elle n’obtient pas suffisamment de soutien, ce qui repousserait à bien plus tard le Brexit.

Il n’est « pas certain » qu’un vote sera organisé en début de semaine comme prévu, a déclaré sur la BBC le ministre des Finances Philip Hammond. « Nous ne présenterons de nouveau l’accord que si nous sommes sûrs qu’un nombre suffisant de nos collègues et du DUP (parti unioniste nord-irlandais) sont prêts à le soutenir afin qu’il passe au Parlement », a-t-il ajouté. Le ministre chargé du Commerce international Liam Fox a renchéri sur Sky news, soulignant qu’il « serait difficile de justifier d’organiser un vote si on est sûrs de le perdre ».

Le Traité de retrait, fruit d’âpres négociations avec Bruxelles et destiné à mettre en oeuvre un Brexit en douceur le 29 mars avait été recalé le 15 janvier, par 432 voix contre 202, puis le 12 mars, par 391 voix contre 242.

La Première ministre avait prévu de le présenter une nouvelle fois aux députés mardi ou mercredi, avant un conseil européen prévu jeudi. D’ici là, elle tente de convaincre les eurosceptiques purs et durs de son parti et les députés du DUP, son allié au Parlement, de changer d’avis. Ceux-ci s’opposent notamment au « filet de sécurité », une disposition de l’accord censée éviter le retour d’une frontière physique entre la République d’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord et qui prévoit que le Royaume-Uni demeure dans un « territoire douanier unique » avec l’UE.

Les pro-Brexit craignent que cela arrime leur pays indéfiniment à l’UE et les unionistes refusent le statut particulier qui serait conféré à l’Irlande du Nord.

Cet accord ou pas de Brexit

Theresa May a besoin du vote de 75 parlementaires supplémentaires pour l’emporter. Certains ont rejoint son camp comme Esther McVey qui avait démissionné en novembre de son poste de ministre du Travail, en désaccord avec le texte. Bien que cela reste un « mauvais accord », « le choix qui se présente à nous, c’est cet accord ou pas de Brexit du tout », a-t-elle justifié dimanche à Sky news.

Comme elle, un « nombre important » de députés ont changé leur fusil d’épaule car les alternatives à l’accord négocié par Theresa May leur semblaient « trop désagréables », a assuré Philip Hammond. Cependant, il « reste du travail ». Fidèle à sa réputation d’opiniâtreté, Theresa May a de nouveau supplié les parlementaires de la rallier, dans une tribune au Sunday Telegraph.

Si elle essuie un nouvel échec au Parlement, le Royaume-Uni pourrait « ne pas quitter l’UE pendant des mois, si ce n’est jamais », a-t-elle prévenu, jouant la stratégie de la peur au moment où le camp pro-Brexit se demande si son vote se concrétisera un jour. Des manifestants pro-Leave ont ainsi entamé samedi une longue marche protestataire depuis le nord-est de l’Angleterre jusqu’au Parlement de Londres.

Theresa May a aussi averti qu’un long report du Brexit forcerait le Royaume-Uni à organiser des élections européennes fin mai. « L’idée que les Britanniques se rendent aux urnes pour élire des députés européens trois ans après avoir voté pour quitter l’UE est à peine supportable. Il ne saurait y avoir de symbole plus fort de l’échec politique collectif du Parlement », a écrit la cheffe du gouvernement.

Jugeant « ridicule » un troisième essai de Theresa May, le leader du Labour, principal parti d’opposition, Jeremy Corbyn, a prévenu que les travaillistes pourraient tenter de nouveau de renverser le gouvernement. Si le gouvernement présente de nouveau l’accord de retrait aux députés, « je soupçonne qu’ils seront de nouveau battus », a déclaré sur Sky news Corbyn. « Je pense qu’à ce stade une motion de défiance sera justifiée », a-t-il ajouté.

Jeremy Corbyn discute par ailleurs avec des députés d’autres partis pour trouver une alternative sur le Brexit. Il a indiqué que son parti pourrait soutenir un amendement déposé par les députés Peter Kyle et Phil Wilson qui validerait l’accord de retrait à condition qu’il soit soumis à un référendum.

AFP