Le ministère de la Protection des consommateurs a vu son budget doubler cette année. Pour la socialiste Paulette Lenert, il s’agit de mettre en place une nouvelle administration.
Le budget alloué à la protection des consommateurs a doublé, nous a appris le ministre des Finances. Qu’est-ce qui change fondamentalement ?
Paulette Lenert : Ce qui a changé, c’est l’importance accordée à la thématique. Nous voulons créer une vraie plus-value pour le consommateur. Pour la mettre en œuvre, il faut évidemment une stratégie et du personnel. Le nouveau département sera opérationnel le 1er avril et comptera une vingtaine de personnes, dont une bonne moitié vient des départements qui s’occupaient déjà de la protection des consommateurs.
La compétence était répartie entre différents ministères, comme celui de l’Économie pour le marché intérieur, qui s’occupait de tout ce qui concernait la politique générale de consommation, le ministère de l’Agriculture qui s’occupait de la sécurité alimentaire, et le ministère de la Santé. Pour construire un nouveau département, il faut une coordination générale, un secrétariat, un service communication pour informer le consommateur. Il y a, par exemple, un très bon contrôle de la chaîne alimentaire mais les gens ne le savent pas forcément, parce qu’il y a beaucoup de désinformation sur les réseaux sociaux, et il y a un devoir pour l’autorité publique de devenir proactif. Il faut aussi mettre la dose pour informer les gens sur les arnaques.
Vous faites allusion au commerce électronique ?
Oui, c’est une nouvelle offre très dynamique mais il y a des vides juridiques et de nouvelles arnaques qui se développent. Une division juridique sera mise en place au sein du département. Il est aussi question de protéger les données des consommateurs, qui représentent une nouvelle richesse. Il faut que les gens soient informés de ce qui peut se passer avec leurs données et qu’ils donnent leur accord ou pas.
Comment définissez-vous les missions de ce nouveau département ?
Il s’agit de promouvoir à partir d’un seul département tout ce qui peut aller dans la direction de la protection du consommateur, par exemple avec un guichet unique à mettre en place. Il y a un grand besoin d’informer et de sensibiliser, c’est vraiment important. C’est un devoir d’éduquer, parce qu’aujourd’hui, il ne suffit plus de savoir lire et écrire, il faut donner les moyens au consommateur de comprendre.
Comment comptez-vous vous y prendre ?
J’aimerais bien rendre l’étiquetage plus compréhensible pour le consommateur. Il faut savoir que notre marge de manœuvre est assez limitée dans ce dossier, qui est traité au niveau européen. Mais nous devons permettre au consommateur de se renseigner sur la valeur nutritionnelle d’un aliment, ce qui n’est pas encore obligatoire. Il faut éduquer le consommateur pour qu’il sache lire ces renseignements car aujourd’hui, c’est encore inintelligible. Il faut utiliser un langage administratif simple pour qu’il comprenne ce qu’il consomme car il a un grand impact sur le marché. Il faut miser sur les très jeunes consommateurs, leur apprendre à avoir les bons réflexes de consommation durable. Pour moi, il s’agit d’assurer la qualité en mettant en place cette nouvelle administration unique chargée des contrôles et, au-delà des règles minimales de sécurité, d’insuffler une culture de consommation durable.
Entretien avec Geneviève Montaigu