Le 26 mai, il n’y aura pas d’élections européennes. Le 26 mai, il y aura 27 élections nationales (ou 28, qui sait, en fonction de l’évolution du dossier du Brexit) qui se dérouleront le même jour. Et c’est bien là une des faiblesses du Parlement de Strasbourg qui, dans les faits, est plus une assemblée de délégations nationales qu’un Parlement «européen».
Difficile de dire si une circonscription électorale unique englobant l’ensemble des pays de l’Union européenne permettrait d’intéresser les citoyens du Vieux Continent à une élection à laquelle ils participent de moins en moins (42 % de participation en 2014 contre 62 % en 1979). Une circonscription unique serait un instrument à double tranchant.
D’un côté, l’écueil de voir les électeurs se prononcer en fonction d’enjeux de politique nationale serait évité. Mais, d’un autre côté, l’argument d’une Europe lointaine, dont le fonctionnement est obscur, serait peut-être renforcé si un citoyen était amené à voter pour une liste composée essentiellement de femmes et d’hommes de nationalité étrangère et qui ne parlent même pas sa langue. On voit mal un Lituanien déborder d’enthousiasme à l’idée de choisir entre des listes conduites par une Portugaise ou un Italien par exemple.
D’autant plus que la composition des listes serait en elle-même un sacré casse-tête. Chaque section nationale des Verts, des socialistes, des chrétiens-démocrates, etc., tentera de placer un maximum de ses membres en position éligible sur la liste. Sans compter que les «grands» pays voudront forcément se tailler la part du lion.
En tout cas, une circonscription unique aurait au moins le mérite d’empêcher certains partis de transformer le Parlement européen en une sorte de maison de retraite de luxe pour caciques qui n’y connaissent rien à l’UE.
«Rapprocher l’Europe des citoyens», comme on l’entend souvent répéter comme un mantra, ne pourra se faire qu’en instillant chez les citoyens un sentiment d’appartenance à un ensemble plus vaste que leur territoire national. Élire un Parlement véritablement européen pourrait en constituer une des pistes.
Nicolas Klein