Comme chaque mercredi, l’ancien sélectionneur du Luxembourg Guy Hellers pose son regard sur le foot local et international. Ça pique, c’est passionné et ça vibre football! Morceaux choisis…
«Bref, dans le foot luxembourgeois, tout va bien…»
Lors d’une émission de radio sur les ondes de RTL, il y avait une belle brochette autour de la table, vendredi. Paul Philipp, Gilbert Goergen, Gerard Jeitz et Romain Schumacher. Sans oublier l’animateur vedette de la station (NDLR : Franky Hippert). Je m’attendais à un vrai débat avec des arguments judicieux et pertinents. Déception. J’aurais mieux fait de savourer mon steak tranquillement. Je dois reconnaître que Romain Schumacher, le président du F91 et de la LFL, a essayé, par moments, de mettre un peu de piment dans la discussion, mais Paul Philipp, comme à son habitude, a esquivé de plus belle.
Bref, dans le foot luxembourgeois, tout va bien. Le football qu’on propose est le meilleur depuis des années. Les gens ont tort de ne pas assister au spectacle proposé. Une adaptation du calendrier de la BGL Ligue, prônée par Schumacher, n’intéresse apparemment personne. Les infrastructures pas adaptées : il ne faut pas en parler. Le professionnalisme, ce n’est pas une option. Réduire le championnat à 8 équipes n’apporterait rien. Au contraire, une réduction de la BGL Ligue serait contre-productif, dixit Paul Philipp.
Pour Philipp, le Luxembourg est toujours un grand village. Et ce qu’il a prôné et réclamé durant ces années de sélectionneur, c’est-à-dire une BGL Ligue à 8 équipes, est erroné. Dans sa mémoire de président, des propos qui font ricaner Schumacher. Un championnat à 8 équipes est, pour le président fédéral, un club fermé où il y aurait toujours les mêmes équipes qui joueraient en Coupe d’Europe… Et aujourd’hui, ce n’est pas déjà le cas? Un championnat à 8 équipes, ça augmenterait substantiellement le niveau et la qualité. Celui qui ne veut pas admettre cette évidence est de mauvaise foi. Gerard Jeitz, le président de Rumelange, lui, a été le plus réaliste dans ses propos. Il est tout heureux de se retrouver en BGL Ligue. Pour lui, il ne faut surtout rien changer. Compréhensible. Ce qui m’a surpris chez les uns et les autres, c’est que chacun est dans sa bulle. On ne s’occupe que de ses petits problèmes… et cela arrange le président de la FLF.
«Le mur qui est devant nous, on ne veut pas le voir»
Une BGL Ligue et une PH solidaire, avec des revendications pour l’amélioration du football, cela ne correspond nullement avec la politique «vintage» de Paul Philipp où tous les clubs luxembourgeois doivent être égaux. Naïvement, j’étais toujours dans l’optique qu’un président de fédération devrait être un précurseur pour améliorer et faire évoluer son «entreprise». Par exemple, en prenant le taureau par les cornes et en insistant auprès des clubs, de la BGL Ligue et la PH pour qu’ils accordent leur violon dans l’intérêt du football. Idée utopique de ma part.
Bref, partout en Europe, les divisions supérieures ont leur mode de fonctionnement et les divisions inférieures ont le leur. Il ne s’agit nullement de copier sur l’un ou sur l’autre pays limitrophe mais de mettre en place une politique sportive pour la BGL Ligue et la PH d’un côté et pour les divisions inférieures au Luxembourg de l’autre. Ce qui est clair comme de l’eau de roche : à part deux ou trois clubs, tous les autres n’arriveront pas tout seul à mettre une structure professionnelle sur pied. Des Becca, Marochi ou Lopez ne courent pas les rues. Mais si la FLF et les clubs sont ensemble, je reste persuadé qu’il y a moyen.
Conclusion : on est grand, on est beau, on est bon, on ne veut pas évoluer, pas grandir, pas mûrir et le mur qui est devant nous, on ne veut pas le voir.