Les « salles de shoot », déjà présentes dans plusieurs pays, n’ont pas augmenté la consommation de drogue ni entraîné une hausse de la criminalité locale liée au trafic de drogue, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).
Dans une étude dévoilée jeudi à Lisbonne en marge de son rapport annuel, l’OEDT rassemble les résultats d’études menées sur les quelque 90 salles d’injection sous supervision médicale qui existent dans le monde.
Ces salles sont destinées à des toxicomanes marginalisés, qui se droguent dans des conditions d’hygiène précaires, souvent dans la rue. L’objectif est de réduire la mortalité de cette population, de diminuer les troubles à l’ordre public, et à plus long terme, d’encourager ces usagers à se tourner vers des structures de soin.
Parmi les « bénéfices » de ces salles, l’observatoire européen souligne une amélioration « en terme d’hygiène et de sécurité », notamment chez les clients réguliers de ces salles, un accès accru de ces populations aux structures de soin, « une baisse de la consommation de drogue dans la rue et des nuisances qui y sont associées ».
« Il n’y a pas de preuve que l’accès à ces salles de consommation de drogue augmente l’usage de drogue ou la fréquence des injections de drogue », souligne l’OEDT.
De même, ces salles « facilitent plutôt qu’elles ne retardent l’entrée dans des traitements » et « ne conduisent pas à une hausse de la criminalité locale liée au trafic de drogue », estime l’OEDT.
Les détracteurs de ce type de salle évoquent leur crainte d’une recrudescence du trafic de drogue autour de ces structures.
La première de ces salles a ouvert à Berne, en Suisse, en juin 1986. D’autres ont suivi en Europe (Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Norvège, Luxembourg, Danemark et Grèce), ainsi qu’en Australie et au Canada.
Certaines de ces salles ont depuis fermé, en raison d’une baisse de la pratique d’injection d’héroïne ou d’un déclin des besoins, à cause du coût ou de la baisse du nombre de visiteurs, lié au succès d’autres programmes d’aide, explique l’OEDT.
« L’émergence de nouvelles pratiques d’injection de stimulants, dont les nouvelles substances psychoactives », aux effets encore méconnus, « conduit à une hausse potentielle des risques pour les usagers de drogue », note l’observatoire.
Il souligne que ces salles, « en première ligne », sont parmi les premiers acteurs à pouvoir apporter des informations sur les nouvelles problématiques de drogue et identifier de nouvelles tendances de consommation.
En France, l’Assemblée nationale a adopté en avril l’expérimentation des « salles de shoot », pendant six ans maximum. Le texte doit être examiné à l’automne au Sénat.
AFP