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Une statue du roi Felipe VI à vendre, à condition de la brûler


L'acheteur devra débourser 200 000 euros pour acquérir l’œuvre, avec obligation de la brûler. (photo AFP)

Avoir le « plaisir » de brûler une statue géante du roi Felipe VI : c’est ce que proposent deux artistes contemporains espagnols coutumiers de la polémique à la foire d’art contemporain ARCO de Madrid qui a ouvert ses portes mercredi.

La statue de 4,44 mètres de haut représente le monarque vêtu d’un costume bleu, d’une chemise blanche et d’une cravate verte. Cette œuvre de Santiago Sierra et Eugenio Merino, qualifiée de « provocation » par la presse espagnole de droite, se nomme Ninot, terme désignant les grandes figurines destinées à être brûlées chaque année à Valence lors de la traditionnelle fête des Fallas. Ironie de l’histoire, Felipe VI doit inaugurer jeudi la foire ARCO.

Le Ninot est à la vente pour 200 000 euros mais une clause du contrat de vente stipule que l’acheteur « s’engage à ce que l’œuvre soit brûlée », a expliqué Luis Navarro, collaborateur de Santiago Sierra. « La spécificité de cette structure est qu’elle n’a pas été conçue pour survivre dans le temps, pour être collectionnée mais pour le plaisir d’être détruite », a-t-il ajouté.

Délit d’injure à la Couronne

Les deux créateurs de cette œuvre sont des habitués des polémiques. L’an dernier, une série de photographies pixelisées de « prisonniers politiques catalans » de Santiago Sierra avait été retirée lors du salon ARCO. Eugenio Merino s’est rendu pour sa part célèbre pour une œuvre représentant une tête réaliste de Franco servant de punching-ball et pour une statue de l’ancien dictateur dans un réfrigérateur.

Le code pénal espagnol prévoit le délit d’injure à la Couronne qui a entraîné ces dernières années plusieurs procès et condamnations dans le pays, sur fond de controverse. En octobre, la chambre des députés a accepté d’examiner une proposition de loi déposée par la gauche radicale et visant à atténuer ou éliminer certains délits pouvant toucher à la liberté d’expression comme l’apologie du terrorisme, les injures à la Couronne ou les outrages à l’Espagne et ses symboles.

En mars 2018, l’Espagne avait été désavouée par la Cour européenne des droits de l’Homme, qui a estimé qu’une condamnation de deux indépendantistes catalans pour avoir brûlé en 2007 une photographie du roi Juan Carlos et de la reine Sofia, les parents de Felipe VI, violait le droit à la liberté d’expression.

LQ/AFP