Le cardinal australien George Pell, numéro trois du Vatican, a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur mineur, devenant ainsi le plus haut responsable de l’Église catholique condamné dans une affaire de pédophilie.
Ce verdict a été rendu le 11 décembre par un tribunal australien mais n’a été rendu public que mardi pour des raisons légales.
C’est une nouvelle gifle pour une Église catholique qui vient d’organiser un sommet historique sur la lutte contre la pédophilie, au terme duquel le pape François a promis dimanche « une lutte à tous les niveaux », mais peine à convaincre les victimes du sérieux de sa réponse face à la gravité et l’ampleur des crimes pédophiles dans ses rangs.
Le tribunal de Melbourne a jugé le cardinal de 77 ans coupable d’un chef d’agression sexuelle et de quatre chefs d’attentat à la pudeur contre deux enfants de chœur alors âgés de 12 et 13 ans. Des faits commis dans les années 1990 dans la sacristie de la cathédrale Saint-Patrick de Melbourne dont George Pell, figure du traditionalisme catholique australien, était l’archevêque.
Le cardinal clame son innocence et va faire appel
Le tribunal de Melbourne avait pris en mai 2018 une ordonnance qui interdisait aux médias toute couverture des débats et même la simple mention de l’existence de cette affaire, sous peine de poursuites. Cette « obligation de silence » avait été imposée pour protéger le jury d’un second procès lors duquel le cardinal Pell devait être jugé pour d’autres faits présumés d’agression sexuelle, remontant aux années 1970. Mais l’accusation a décidé de renoncer à cette seconde série de poursuites, ce qui a provoqué la levée mardi du blackout médiatique sur la première affaire, autorisant les médias à annoncer le verdict de culpabilité.
« Le cardinal George Pell a toujours défendu son innocence et continue de le faire », ont indiqué dans un communiqué ses avocats qui ont dit avoir fait appel.
Le cardinal, qui avait pris congé de ses fonctions au Vatican pour se défendre, reste cependant sur le papier à la tête du secrétariat pour l’Économie du Saint-Siège, soit le numéro trois du Vatican.
Sur les deux enfants de chœur que Mgr Pell était accusé d’avoir agressé lorsqu’il était archevêque de Melbourne, un trouva la mort en 2014 d’une overdose que sa famille a toujours attribuée au traumatisme subi à l’époque.
Une voix très écoutée dans le camp conservateur
L’annonce de la condamnation de l’ex-archevêque de Sydney et Melbourne intervient deux jours après la fin d’un sommet inédit au Vatican pour lutter contre les agressions sexuelles de mineurs perpétrées par des membres du clergé.
L’inculpation de George Pell avait suscité la consternation car le prélat, qui recueillait naguère les louanges des plus hautes autorités du pays, était une voix très écoutée dans le camp conservateur, sur des sujets aussi variés que le mariage gay ou le réchauffement climatique.
Cette inculpation avait coïncidé avec la fin d’une longue enquête officielle sur les réponses institutionnelles apportées en Australie aux abus sexuels commis sur des enfants. La commission d’enquête royale avait recueilli des témoignages éprouvants de milliers de victimes de pédophiles dans les églises, les orphelinats, les clubs de sport, les organisations de jeunesses et les écoles.
AFP/LQ