Le procès de l’assassinat de Porto Seguro (Brésil) a repris ce jeudi à Luxembourg. L’épouse de la victime, Brigitte D., est loin d’avoir convaincu la chambre criminelle.
Avant la suspension du procès il y a trois semaines, les deux prévenues de l’assassinat de Porto Seguro s’étaient renvoyé mutuellement la balle. Jeudi, lors de la onzième séance, Brigitte D. a livré une nouvelle version: ce n’est pas Tania M., mais le fils de cette dernière, Diego M., qui aurait organisé l’assassinat. Tania M., quant à elle, insiste avoir appris que son fils a trempé dans l’assassinat une fois qu’elle était de retour au Luxembourg.
« Maintenant, je suis soulagée et je peux dormir tranquillement, car j’ai tout dit », tels étaient les derniers mots de la prévenue Tania M. (53 ans), hier à la barre. Comme l’épouse de la victime Brigitte D. (61 ans) qui se trouve avec elle sur le banc des prévenus, Tania M. est toutefois loin d’avoir convaincu les juges.
Le 25 octobre 2011, le Luxembourgeois Henri Z. (71 ans) avait été exécuté de cinq coups de feu dans la tête alors qu’il se trouvait en voyage de noces à Porto Seguro. Voyage auquel avait également participé la meilleure amie de l’épouse, Tania M., dont le fils Diego M. habite au Brésil.
Selon les dernières déclarations de Tania M., c’est Brigitte D. qui a organisé, avec l’aide de son fils, l’assassinat de Henri Z. Elle aurait entraîné et engagé Diego M. à tuer Henri Z. Tania M. affirme toutefois ne pas avoir été au courant du plan au moment du voyage. Que son fils ait trempé dans l’assassinat, elle ne l’aurait appris qu’une bonne semaine après son retour au Grand-Duché.
Ces déclarations ont soulevé de nombreuses questions du côté de la chambre criminelle. Son président, Prosper Klein, ne comprend notamment pas comment, s’il y a eu complot pour mettre fin aux jours de Henri Z., Brigitte D. a seulement pu contacter Diego M. sans mettre sa mère au courant. « Une réaction normale de votre fils aurait été de vous demander conseil », a-t-il noté en rappelant, par ailleurs, qu’à l’époque, les deux étaient meilleures amies.
La chambre criminelle ne saisit pas non plus pourquoi Brigitte D. aurait insisté pour avoir Tania M. a ses côtés lors du voyage de noces. Si cette dernière n’était vraiment pas au courant du complot, en l’emmenant au Brésil, elle pouvait tout au plus constituer un témoin supplémentaire.
Quant à sa réaction quand Diego M. lui avait confirmé par téléphone être impliqué dans l’assassinat, Tania M. s’est uniquement dite « fâchée et en colère », en ajoutant toutefois qu’elle avait l’intention de le protéger. « Diego, c’était mon bébé », a-t-elle précisé.
«Vous mentez comme un arracheur de dents»
La deuxième partie de la séance était consacrée à l’audition de Brigitte D., l’épouse de la victime. « Allez-y, nous écoutons », lui a lancé Prosper Klein. La prévenue ne s’est pas montrée très loquace. Ce qu’elle a néanmoins déclaré diverge fortement de sa version livrée il y a trois semaines. Alors qu’à l’époque elle affirmait que Tania M. avait organisé l’assassinat, hier, l’idée de tuer venait de Diego M. C’est lui qui aurait organisé tout l’assassinat. La prévenue déclare en outre avoir été informée du projet dès son arrivée à Porto Seguro.
« Vous êtes très mal barrée. Vous ne dites manifestement pas la vérité », lui a rapidement fait comprendre le président de la chambre criminelle qui lui a ensuite démontré que rien ne collait dans son histoire : « Diego M. n’a aucune raison de tuer votre mari et de se confier à la meilleure amie de sa mère avant les faits .» Malgré les questions, Brigitte D. n’a pas changé de version. Ce qui a fait dire à Prosper Klein : « Vous mentez comme un arracheur de dents. » En insistant sur le fait qu’elle n’avait appris le projet d’assassinat qu’au Brésil, la prévenue espère sans doute éviter une condamnation au Luxembourg.
Un nouveau détail a toutefois filtré en ce qui concerne la première attaque sur Henri Z. quatre jours avant l’assassinat. Brigitte D. a expliqué que Diego M. lui aurait donné pour instruction de prendre un chemin spécifique. Pour rappel, elle n’avait pas tout de suite appelé les secours. Pour la chambre criminelle, c’est un indice de plus qui l’accable. Le procès se poursuit lundi avec les plaidoiries.
Fabienne Armborst