Les élus accordent des compétences élargies aux gardes champêtres de la commune : des PV et de la déjection canine aux couleurs des terrasses ! Alors que Differdange veut encore améliorer son image, ils veillent désormais à l’application précise du règlement communal.
Puisque la « méthode de conciliation » ne marche pas, dixit le bourgmestre Roberto Traversini, voici la méthode coercitive. Depuis la fin du mois de mai, les gardes champêtres de Differdange ont des compétences élargies. En clair, ils ne sont plus seulement qualifiés pour les problèmes de stationnement. Ils doivent désormais faire appliquer à la lettre le règlement général de police de la ville. « Cela inclut des nouveaux champs d’action », explique l’échevin Fred Bertinelli. À tel point que les gardes champêtres differdangeois, qui ne sont que huit, vont se cantonner à quatre grands domaines d’action répressives pour le moment :
• Obliger les propriétaires de chien à se mettre en règle avec la taxe communale annuelle (40 euros)
• Sanctionner d’une amende les maîtres qui ne ramassent pas les déjections canines, entre 250 et 2 500 euros, si le recours à la justice de paix est utilisé, ou 145 euros, si la commune adresse la facture du personnel mobilisé pour s’en charger.
• Signaler les actes de vandalisme du style tag ou feu illégal dans un parc.
• Faire respecter le règlement communal concernant les terrasses de café. Là encore, soit le recours à la justice de paix est employé, soit la commune peut faire pression en supprimant l’autorisation de terrasse en cause.
Pourquoi tous ces changements maintenant? Le bourgmestre de Differdange l’assure : « Il n’y a pas d’augmentation récente de l’insalubrité. Nous voulons juste accélérer sur ce dossier. Je suis à la tête de la ville depuis un an et demi, et nous constatons que certains concitoyens s’obstinent à ne pas respecter la vie en collectivité. » En réalité, Differdange veut gommer les traits de son image de cité ouvrière. Il y a quelque temps déjà, les élus ont construit des parkings en dehors du centre-ville, pour entasser les camionnettes des artisans. « Des rangées de camions dans toutes les rues, ce n’était pas très accueillant », glisse Fred Bertinelli.
Désormais, comme d’autres villes le font déjà au Grand-Duché, c’est au tour des terrasses de café de «présenter bien». Fini les chaises en plastique récupérées à droite à gauche… les gardes champêtres pourront signaler tout laisser-aller et passer au stade de la pression au portefeuille.
Paradoxalement, ce sont les mêmes élus qui ont mis un point d’honneur à sauvegarder le caractère ouvrier de certaines rues de Differdange. « Sur certaines portions emblématiques, nous rachetons les maisons jumelées pour éviter que les promoteurs ne les détruisent et en fassent de l’habitat unique », note Fred Bertinelli. Bref. Permettre à Differdange de conserver son âme tout en changeant son image… un équilibre délicat à trouver.
Hubert Gamelon
Des goûts et des couleurs
C’est l’une des nouveautés : les gardes champêtres peuvent contrôler la cohérence architecturale des terrasses de Differdange, comme sur les sites touristiques de Luxembourg. « Nos critères sont moins sévères », souligne le bourgmestre Roberto Traversini. Quand même! Pas de mélange de marques sur le mobilier, critères visuels «assortis» entre les tables et les chaises… et des injonctions qui interpellent par leur caractère arbitraire.
Exemple avec l’article 4 du règlement communal : «Les tables et chaises doivent être de bonne qualité, d’une couleur valorisante (sic), réalisées dans des matériaux nobles (rotin, résine, aluminium, acier…).» Qu’est-ce qu’une couleur valorisante au juste? Qui décide de ce qui est beau pour les autres? C’est, selon l’échevin Fred Bertinelli, un collectif de quatre architectes qui a défini les accords. Au nom des 25 000 habitants!