BGL LIGUE Sorte de Poulidor du foot luxembourgeois, Marc Thomé est devant un immense défi avec sa Jeunesse Esch, leader du championnat avant la reprise ce week-end.
Vous êtes leaders, mais personne ne vous voit champions fin mai…
Marc Thomé : Je vous rassure, moi non plus! Mais on ne va pas perdre des matches pour le plaisir! On va avancer rencontre après rencontre avec l’envie de rester devant le plus longtemps possible. Et on verra bien où tout cela nous mènera. Je vois trois équipes (NDLR : Dudelange, le Fola et le Progrès) avec un meilleur cadre que le nôtre. C’était déjà le cas au premier tour, mais la Coupe d’Europe a sans doute un peu faussé les choses. C’est sans doute le plus grand défi de ma carrière, moi qui n’ai jamais été champion. J’ai terminé six fois deuxième en tant que joueur (avec la Jeunesse, Grevenmacher et Dudelange). Et comme coach, j’ai fini deuxième avec Differdange, troisième avec le même FCD03 et Grevenmacher et quatrième l’an passé avec la Jeunesse. Il ne me manque que cette première place pour compléter ma collection.
Quand vous dites que vous ne voyez pas champion, c’est aussi une manière d’évacuer la pression, non?
Bien sûr! (Il sourit) À quoi cela servirait de se mettre la pression? La seule obligation qu’on a, c’est de terminer européen. C’est-à-dire dans les trois premiers. C’est l’objectif qu’on nous a fixé. Parce que lorsqu’on est en tête à la mi-saison, on se doit de terminer dans les places européennes. (…)
C’est rare en BGL Ligue de voir autant de suspense dans le haut de tableau à ce moment-ci de la saison…
Je suis certain que c’est la première fois depuis au moins dix ans qu’on retrouve les quatre premiers en quatre points à la mi-championnat. C’est du jamais vu! Et les trois équipes qui nous talonnent ont passé au moins un tour en Coupe d’Europe, ce qui était une première chez nous! Et nous, on se retrouve devant eux. C’est juste incroyable! Nous sommes aussi les seuls « amateurs » dans ce quatuor. Le Fola et le Progrès, ils ont au moins dix joueurs pros. Et au F91, on est au-delà de la vingtaine. (…)
Votre fin d’année 2018 avec un 1 sur 6 en championnat, accompagné d’une élimination en Coupe (à Etzella), n’a pas été trop difficile à digérer?
C’est surtout la Coupe qui a été dure à avaler. Car en championnat, on restait tout de même devant et je peux vivre avec un total de 29 points à la mi-course. Mais quand on voit qu’on aurait joué Strassen en demi-finale, on se dit qu’on avait peut-être une chance unique de pouvoir se hisser jusqu’en finale.
Et le 5-0 encaissé au Progrès lors de la dernière journée?
On n’était pas bien ce jour-là. Tout comme on ne méritait pas plus qu’un point face à Differdange la semaine précédente. La trêve a débuté deux semaines trop tard pour nous. Jusqu’au match à Niederkorn, on n’avait encaissé que sept buts. Et en une partie, on a donc perdu une différence de buts de… 10 goals sur le Progrès. (…)
On se trompe si on a l’impression que vous avez commencé à caler quand Toni Luisi s’est blessé au talon et a « joué sur une jambe »?
Non. Mais ce n’est pas la seule raison. On avait aussi perdu sur blessure Alessandro Fiorani. Ce dernier a manqué les quatre ou cinq derniers rendez-vous, alors qu’il avait beaucoup apporté avant ça. Pour en revenir à Toni, c’était un joueur qui pouvait faire la différence tout seul. (…) Désormais, je n’ai plus un joueur comme lui. Il va falloir faire les mêmes résultats en groupe. (…)
Vous ne regrettez pas de ne pas avoir recruté un autre attaquant au mercato de janvier?
Non. On en a testé… pour s’apercevoir que les nôtres étaient meilleurs. On possède des éléments très performants, dont certains qui n’ont pas joué beaucoup jusqu’à présent. Mais des N’Diaye ou Er Rafik ont montré ce qu’ils valaient ces dernières saisons. Sans oublier les Menaï, Natami ou Klica qui, je l’espère, va exploser dans les prochains mois. (…)
Vous êtes en fin de contrat en juin. Les tractations pour une prolongation ont débuté?
Non, on n’en a pas encore parlé. Je veux d’abord voir où on va en vue de la saison prochaine. Après, avec moi, cela peut aller vite : une poignée de main suffit. (…)
Entretien avec Julien Carette
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Marc Thomé dans notre édition papier de mercredi.