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L’Etat islamique engage une « guerre de l’eau » en Irak


Les forces irakiennes cherchent à reprendre la ville de Ramadi à l'Etat islamique. (photo AFP)

Le groupe Etat islamique (EI) a engagé une « guerre de l’eau » en Irak en fermant les vannes d’un barrage à Ramadi, ce qui va rendre encore plus complexe l’opération de reconquête de cette ville lancée par les forces irakiennes.

Au lendemain d’une réunion des pays de la coalition internationale à Paris, un haut responsable américain a averti qu’il faudrait « probablement une génération ou plus » pour vaincre la « menace mondiale » que représente l’EI. « Ce sera une longue campagne », a ajouté depuis Doha le général John Allen, l’émissaire américain pour la coalition dirigée par les Etats-Unis.

La priorité est actuellement donnée à la reprise de Ramadi, capitale de la vaste province d’Al-Anbar (ouest) dont la chute aux mains de l’EI le 17 mai a représenté un sérieux revers pour Bagdad et ses alliés. Mais la contre-offensive avance lentement, même si les forces gouvernementales, soutenues par des milices chiites et des tribus sunnites, ont repris une partie des environs de la ville.

L’EI garde l’initiative, comme l’a prouvé sa décision de fermer les vannes d’un barrage situé à Ramadi qui régule le cours de l’Euphrate. La baisse du niveau du fleuve en aval provoque des coupures dans l’approvisionnement de Khaldiyah et Habbaniyah, deux zones encore sous contrôle gouvernemental à Al-Anbar, selon des responsables locaux. Cela permettrait aussi aux jihadistes de traverser plus facilement pour étendre leur emprise.

« Daech (acronyme arabe de l’EI) mène désormais une sale guerre de l’eau », a dénoncé Sabah Karhout, le chef du conseil provincial d’Al-Anbar. « Il espère déstabiliser Khaldiyah et Habbaniya (…) Fermer l’eau est le pire crime qu’il puisse commettre. Cela va forcer les enfants, les femmes et les personnes âgées à fuir, ce qui lui permettra de lancer des attaques ».

L’EI a choisi cette stratégie car il « n’a probablement pas assez de combattants à nous opposer dans le cadre d’une guerre conventionnelle », souligne Arkan Khalaf al-Tarmuz, un autre élu provincial. « Il utilise donc l’eau comme une arme pour affaiblir les régions où se trouvent des bases militaires ». Depuis qu’ils ont lancé leur offensive dans le nord de l’Irak il y a un an, les jihadistes accordent une grande importance au contrôle des barrages, qui leur permettent soit d’assoiffer des zones soit de les inonder, selon leurs intérêts militaires. « Dans les terres arides sur lesquelles combat l’EI, le contrôle de l’eau est l’arme ultime », a souligné mercredi l’institut Soufan Group.

« Progrès importants »

Les forces gouvernementales se retrouvent par ailleurs à la merci des attaques au camion piégé, une technique dévastatrice de plus en plus utilisée par l’EI, qui a revendiqué mardi une attaque suicide perpétrée la veille par trois kamikazes visant une base de la police au nord de Bagdad, qui a fait 47 morts.

Placé sur la défensive après la chute de Ramadi, M. Abadi a qualifié d' »échec » mardi à Paris la stratégie suivie par les pays de la coalition internationale, Etats-Unis en tête. Le Premier ministre a néanmoins reçu leur soutien à son plan de reconquête des territoires perdus même s’il lui a été demandé d’accélérer les réformes politiques, en particulier pour inclure la minorité sunnite.

Le numéro deux de la diplomatie américaine Antony Blinken a défendu la stratégie de la coalition. En menant plus de 4.000 raids en neuf mois, elle a entraîné des « progrès importants »: l’EI contrôle « 25% de moins de l’Irak », beaucoup de matériel a été détruit et plus de 10.000 militants de l’EI ont été tués, ce qui « va finir par avoir un effet », a-t-il affirmé.

AFP