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Les Chinois entrent dans l’année du «cochon de terre»


Les minorités chinoises du monde entier, comme ici à Manille aux Philippines, ont célébré l'entrée dans une nouvelle année lunaire, mardi. (photo AFP)

Les populations chinoises du monde entier saluaient mardi l’année du cochon, célébrant la Nouvelle année lunaire par des prières, des festins en famille et des virées dans les magasins.

En Chine continentale, des centaines de millions de personnes ont pris d’assaut ces derniers jours les trains, les autocars, les avions ou ont emprunté leur voiture personnelle pour rejoindre familles et amis pour ce qui représente la plus grande migration humaine du monde. L’année du « cochon de terre », qui succède à celle du « chien de terre », est fêtée à travers la planète, des communautés chinoises centenaires de l’Asie du Sud-Est aux quartiers chinois plus récents de Londres, Sydney, Vancouver, Los Angeles ou Paris.

Symbole de la bonne fortune et de la richesse

Le Nouvel An chinois, la date la plus importante du calendrier chinois, est célébrée pendant quinze jours à grand renfort de festivités et de réunions entre proches. Les gens confectionnent en famille les traditionnels raviolis chinois, échangent des cadeaux et offrent autour d’eux des enveloppes rouges remplies d’argent. Le cochon est le symbole de la bonne fortune et de la richesse dans la culture chinoise. Cette année, les entreprises n’ont pas lésiné sur la production de marchandises et décorations porcines. Selon la presse officielle chinoise, un nombre massif de Chinois se déplaceront durant toute la saison du Festival de printemps, une période de 40 jours qui englobe celle du Nouvel An et qui est connue sous le nom de « chunyun ». Quelque trois milliards de voyages sont attendus.

Un nombre croissant de Chinois se rendent aussi à l’étranger pour le Nouvel An, en Thaïlande, au Japon et ailleurs. D’après l’agence officielle Chine Nouvelle, sept millions de touristes chinois franchiront les frontières durant « chunyun » cette année. À Hong Kong, les marchés aux fleurs étaient bondés, les habitants de l’ancienne colonie britannique se précipitant pour acheter des orchidées, des branches de pêcher en fleurs ou des mandarines pour décorer leur maison. Les étals vendaient aussi un nombre impressionnant d’oreillers, de jouets ou de sacs décorés de cochons.

Des milliers de fidèles brandissant des bâtons d’encens, dont certains vêtus en costumes porcins, se sont pressés durant la nuit dans le temple Wong Tai Sin pour accueillir l’année du cochon. En Malaisie, où 60% de la population est musulmane et 25% d’origine chinoise, certains commerces avaient choisi d’être discrets avec leurs effigies de cochons. Mais les commerçants comme les clients ont déclaré qu’il était normal de faire preuve de réserve dans un pays où la majorité des gens considèrent le cochon comme un animal malpropre, ajoutant que le sujet ne suscitait pas la controverse.

Quand Taipei tacle Pékin

L’Indonésie voisine, le plus grand pays musulman du monde, compte également une minorité chinoise et le Nouvel An chinois est un jour de fête. Des danses du Lion traditionnelles sont organisées dans des endroits publics et les supermarchés regorgent des mandarines et « gâteaux de lune » traditionnels.

Au Japon, la fameuse Tokyo Tower de la capitale doit devenir rouge pour célébrer l’événement, une première. C’est également le jour férié le plus important du Vietnam, où il est connu comme fête du Têt. En Occident, des danses du Lion se tiendront dans des villes comme New York et Londres et devraient aussi attirer les foules. Des personnalités pro-Pékin comme le président pakistanais Arif Alvi et le Premier ministre cambodgien Hun Sen ont présenté leurs salutations à la Chine.

La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen en a profité pour tacler politiquement Pékin en publiant sur les réseaux sociaux un message soulignant le caractère démocratique et le pluralisme linguistique de l’île. « A Taïwan, nous sommes capables de maintenir nos traditions culturelles », dit-elle dans une vidéo, en présentant les voeux traditionnels dans cinq langues chinoises, mandarin, taïwanais, hakka, teochew et cantonais. Les autorités de Chine continentales sont accusées par les opposants et les minorités de développer la pratique du mandarin au détriment des autres idiomes. La Chine continentale et Taïwan sont dirigés par des régimes rivaux depuis 1949, après une guerre civile entre communistes établis à Pékin et nationalistes du Kuomintang réfugiés à Taipei. Pékin considère toujours Taïwan comme partie intégrante de son territoire susceptible d’être reprise par la force.