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Venezuela : plusieurs pays européens reconnaissent Guaido comme président


La reconnaissance de Juan Guaido par ces pays européens intervient après le rejet de l'ultimatum par Nicolas Maduro. (photos AFP)

Madrid, Londres, Berlin Paris et plusieurs autres capitales européennes ont reconnu lundi l’opposant Juan Guaido comme président du Venezuela après l’expiration d’un ultimatum lancé à Nicolas Maduro qui a refusé de convoquer une nouvelle élection présidentielle.

« Le gouvernement espagnol annonce reconnaître officiellement le président de l’Assemblée du Venezuela, M. Guaido, comme président en charge du Venezuela », a déclaré le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, en appelant Juan Guaido à convoquer des élections présidentielles « dans le plus bref délai possible ». Une reconnaissance immédiatement suivie par celle du Royaume-Uni, de l’Autriche, de la Suède, du Danemark, de l’Allemagne et de la France.

La Russie, l’un des principaux alliés de Nicolas Maduro, a aussitôt dénoncé cette reconnaissance par ces pays européens. « Nous percevons les tentatives de légitimer l’usurpation du pouvoir comme une ingérence directe et indirecte dans les affaires internes du Venezuela », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

L’Espagne – qui compte 167 000 ressortissants au Venezuela -, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Portugal, rejoints dimanche par l’Autriche, avaient donné à Maduro un ultimatum expirant dimanche pour qu’il convoque une présidentielle anticipée, faute de quoi ils reconnaîtraient Juan Guaido, 35 ans, comme président. Les États-Unis, le Canada et de nombreux pays d’Amérique latine, dont la Colombie et le Brésil, ont déjà reconnu Guaido, qui s’était autoproclamé président par intérim le 23 janvier. Le Parlement européen avait lui reconnu l’autorité de Guaido jeudi et appelé l’ensemble des pays de l’UE à faire de même.

La reconnaissance de Juan Guaido par ces pays européens intervient après le rejet de l’ultimatum par Nicolas Maduro, dans un entretien avec la chaîne de télévision espagnole La Sexta diffusé dimanche soir. « Ils tentent de nous coincer avec des ultimatums pour nous obliger à en venir à une situation extrême de confrontation », avait lancé Maduro qui s’exprimait depuis Caracas. Dans ce contexte, Ottawa doit accueillir lundi une réunion de crise des ministres des affaires étrangères du Groupe de Lima, qui regroupe le Canada et une dizaine de pays latino-américains. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo y participera par vidéoconférence, a indiqué le département d’État. Et l’Union européenne pourrait aussi y prendre part. Une conférence de presse est prévue à l’issue des débats, vers 20h30 GMT.

Plan d’aide internationale et aide humanitaire

Le président américain Donald Trump a de son côté réaffirmé que le recours à l’armée américaine au Venezuela était « une option », dans un entretien avec la chaîne de télévision américaine CBS diffusé dimanche. Soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba, Maduro, 56 ans, accuse les États-Unis d’orchestrer un coup d’État. Il avait rassemblé samedi des milliers de ses partisans à Caracas. Il avait relancé, lors de son premier discours en public depuis six mois, l’idée de législatives anticipées dans le courant de l’année, pour remplacer un Parlement dépouillé de l’essentiel de ses prérogatives au profit d’une Assemblée constituante qui lui est acquise.

Un groupe de contact international constitué par l’UE pour favoriser l’organisation d’une élection présidentielle « libre, transparente et crédible » doit se réunir jeudi à Montevideo, ont annoncé la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le président uruguayen Tabaré Vazquez. Devant la représentation de l’Union européenne à Caracas, Guaido a prédit samedi un mois de février « déterminant » et a appelé ses partisans à une nouvelle manifestation le 12 février. Il a également annoncé l’arrivée dans les prochains jours d’une aide humanitaire. Selon lui, des centres de collecte doivent être installés de l’autre côté de la frontière, en Colombie et au Brésil, et sur une « île des Caraïbes ».

Les États-Unis ont de leur côté fait savoir, via un message sur Twitter du conseiller à la Sécurité nationale John Bolton, qu’à la demande du chef de l’opposition, ils préparaient déjà et « transportaient de l’aide humanitaire » destinée au Venezuela. Pedro Sanchez a lui souligné lundi son intention de promouvoir au sein de l’UE et dans le cadre des Nations unies « un plan d’aide internationale pour pallier de façon urgente la grave crise humanitaire que traverse le Venezuela ».

Les habitants du Venezuela, pays pétrolier et autrefois le plus riche d’Amérique latine, sont confrontés à de graves pénuries de vivres et de médicaments, ainsi qu’à une inflation galopante. Depuis 2015, quelque 2,3 millions d’entre eux ont choisi de s’exiler, sur une population totale de 31 millions d’habitants.

LQ/AFP