Six anciens proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, quand il était président de la République, ont été placés en garde à vue mercredi dans l’enquête sur les sondages de l’Élysée, qui avaient été épinglés par la Cour des comptes lors du dernier quinquennat.
Claude Guéant et Xavier Musca, qui s’étaient succédé au poste de secrétaire général de la présidence de la République, et Emmanuelle Mignon, l’ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, ainsi que trois anciens conseillers élyséens, sont interrogés par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE). Il s’agit de Jean-Baptiste de Froment, Julien Vaulpré et Jean-Michel Goudard.
L’enquête, menée par le juge d’instruction Serge Tournaire, porte sur d’éventuelles irrégularités dans les contrats conclus par l’Élysée avec neuf instituts de sondage ou sociétés de conseil durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Parmi elles, les sociétés de Patrick Buisson (Publifact) ou de Pierre Giacometti (Giacometti-Peron), deux conseillers de l’ancien président.
La polémique sur ces sondages avait commencé en 2009, après la publication d’un rapport de la Cour des comptes qui épinglait sévèrement une convention signée le 1er juin 2007 entre l’Elysée et le cabinet de Patrick Buisson, « pour un coût avoisinant 1,5 million d’euros ».
Longue bataille procédurale
« Carte blanche et chéquier disponible », avait fustigé l’association de lutte contre la corruption Anticor, qui avait porté plainte en février 2010. L’association n’avait obtenu que fin 2012, au prix d’une longue bataille procédurale, que le juge Serge Tournaire puisse enquêter sur des faits présumés de favoritisme et détournement de fonds publics.
Par la suite, les investigations ont été étendues à l’ensemble des contrats de conseil ou de sondages commandés durant le quinquennat Sarkozy. Des perquisitions avaient été menées en avril 2013 chez Patrick Buisson. Ce dernier, venu de l’extrême droite et réputé très influent auprès de Nicolas Sarkozy durant son quinquennat et la présidentielle perdue de 2012, a refait parler de lui avec des enregistrements clandestins de ses conversations au palais présidentiel. En juillet 2014, la cour d’appel de Paris a confirmé sa condamnation à verser des dommages et intérêts à l’ancien président, qui a coupé les ponts.
En 2010, la Cour des comptes avait noté « un sérieux effort de rationalisation et d’économies » du côté de l’Élysée. La plainte d’Anticor dénonçait des faits de favoritisme dans l’attribution des contrats, mais aussi des détournements de fonds publics, certains sondages étant, selon Anticor, « étrangers » à la fonction présidentielle. L’association pointait du doigt une étude sur la liaison entre Nicolas Sarkozy et son épouse ou encore sur des adversaires potentiels du président.
AFP