Le tribunal administratif suprême portugais a ordonné mercredi en référé la suspension de la privatisation de la compagnie aérienne TAP en raison d’irrégularités dans le processus, une décision que le gouvernement a immédiatement annoncé vouloir contester.
Le décret autorisant la privatisation comporte des vices de forme, selon le tribunal, qui reproche au gouvernement de «ne pas avoir prévu un appel d’offres» pour l’évaluation financière de la TAP. La justice avait été saisie par le mouvement citoyen «Peço a palavra» («Je demande la parole»).
Le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho a immédiatement annoncé l’intention du gouvernement de contester cette décision, qui intervient à deux jours de la date butoir pour la remise des offres définitives par les deux candidats en lice. Le gouvernement présentera «une résolution faisant valoir la nécessité de poursuivre» la privatisation, a précisé Pedro Passos Coelho à l’issue d’une rencontre avec son homologue vietnamien Nguyen Tan Dung, en visite à Lisbonne.
Confronté en mai à une décision de justice similaire, le gouvernement avait fait valoir «l’intérêt général» auquel correspond la privatisation de la TAP pour y passer outre et faire annuler le référé.
Les autorités portugaises avaient retenu fin mai deux candidatures, celles du magnat sud-américain German Efromovich, propriétaire de la compagnie aérienne colombienne Avianca, et de l’Américano-Brésilien David Neeleman, fondateur de sa concurrente brésilienne Azul. Dans son offre initiale, German Efromovich propose d’injecter 250 millions d’euros dans la TAP, de lui fournir douze avions provenant de sa compagnie Avianca et d’en commander 38 autres. David Neeleman suggère quant à lui une augmentation de capital jusqu’à 350 millions d’euros et la commande de 53 nouveaux avions.
Les deux repreneurs potentiels promettent aussi de distribuer entre 10 et 20% des dividendes aux salariés et, en vertu du cahier des charges approuvé par le gouvernement et les syndicats, ils ne pourront pas mettre en œuvre un éventuel plan social, tant que l’État gardera une partie du capital.
Le gouvernement de centre droit avait décidé à la mi-novembre de se défaire de 66% du capital du groupe TAP, dont 5% réservés aux salariés, après l’échec d’une première tentative de privatisation en décembre 2012, quand German Efromovich était seul candidat en lice.
AFP