Raphaël Stacchiotti a conclu à la perfection une superbe première journée pour la natation luxembourgeoise : 4 records nationaux, 5 médailles d’or… et une qualification pour Rio !
L’Ettelbruckois a réussi les minima au centième près, lors de la finale du 200m 4 nages : 2’00″28.
Vous êtes donc le premier qualifié officiellement pour Rio. Pouvez-vous nous raconter cette course ?
Raphaël Stacchiotti : C’est officiel, oui ! L’objectif était de passer 56 bas au 100 m. J’étais passé 56 haut ou 57″00 en 2012, à l’Euro Meet, quand j’ai fait mon meilleur temps. Je passe en 56″5, c’est ce qu’on m’a dit après la course.
Et en fait, je crois que le déclic s’est fait en brasse. Je pars au virage. Je savais qu’il y avait un Islandais qui a fait bronze aux 200 m dos, et ce matin il était à côté de moi. Bon, on n’était pas très vite, c’était le matin. Et là je le voyais déjà trois mètres derrière moi. À ce moment, je me dis : « Soit t’es très fort, soit les autres sont nuls ». Et quand je pousse du mur, je vois que ceux qui font deux et trois arrivent seulement…
Que vous dites-vous à ce moment ?
Je me dis : pas de stress. Dans la coulée, je me dis : « Reste calme, fais une bonne reprise de nage, pose deux, trois coups de bras et après tu repars ». Je fais exactement ça, je mets deux, trois coups de bras. Et là, je me dis, soit tu vas à fond et tu essaies de faire un bon temps – de toute façon, tu va gagner – soit tu joues juste la gagne pour garder des forces. Je suis là pour quoi ? Pour faire un bon temps. Alors je suis parti à balle. Je fais 1’31″7, donc ça fait 35″2 en brasse. C’est correct, mais je pense que je peux aller plus vite en été. Eux se disent, s’il revient en 28″00, il fait 1’59 »!
Au virage, j’entends du bruit, à chaque mouvement j’entends des « Hé ! ». Je me dis : « c’est bon, tu es bien ». Je cravache jusqu’à la fin ! Je touche ! Avec mes lunettes il y a un peu de buée. Je vois 2’00 » mais je ne vois pas les centièmes. Eux sont en train de gueuler. J’enlève le bonnet, les lunettes et là, ô putain c’est bon ! Je tape dans l’eau, je gueule, je sors du plot, je tape là-dessus, je tape sur les anneaux et après on vient me dire que je ne peux pas sortir par là. J’ai dit c’est émotionnel on me dit c’est O.K. c’est la dernière fois. Franchement, c’était super. Une belle course.
Maintenant, vous avez moins de pression ?
Honnêtement, j’étais stressé avant la course. Je voyais tout le monde qui nageait bien, je me disais, faut pas que je foire. Des passages dans la tête où tu te dis : il faut quand-même que je sois bon. T’inquiète : tu as nagé 20 mois à bloc à Marseille, tu sais le faire.
Comment expliquez vous votre progression ?
Je n’ai pas fait de muscu depuis trois mois. J’ai perdu un peu de muscle mais la force est encore là. En janvier, je faisais 85 kg et maintenant 80. L’objectif c’était de faire le temps à Kazan. Et là maintenant, c’est bon !
Entretien avec Romain Haas, envoyé spécial en Islande
A lire en intégralité dans Le Quotidien papier de ce mercredi