Sur la station d’autoroute la plus fréquentée du pays, une nouvelle fuite de produit instable et corrosif a eu lieu. Selon la ministre Carole Dieschbourg, l’expérience d’un tel incident a permis d’éviter une nouvelle pollution.
Une première fuite avait déjà suscité l’inquiétude en juin 2016 alors que 55 000 litres du produit AdBlue s’étaient déversés dans la nature au niveau de la station Shell sur l’aire de Berchem (A3). Un incident qui avait lourdement contaminé l’environnement, rappelle le député DP Gusty Graas dans une question parlementaire adressée à la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. Sa question porte sur une deuxième fuite du même produit au même endroit qui a été détectée le 19 novembre dernier, mais en moindre quantité puisqu’il s’agissait cette fois de 8 907 litres.
La ministre Carole Dieschbourg a confirmé lundi l’incident : «L’origine de la fuite est un raccord à l’intérieur d’une colonne distributrice qui s’est détaché. Malgré la présence d’un système de détection de fuite installé en bas de chaque colonne distributrice AdBlue et d’un système de mesurage de stock mis en place après l’incident de 2016, une fuite et un déversement n’ont pas pu être évités en raison d’une succession de défauts techniques et organisationnels.»
Selon la ministre, les dégâts pour l’environnement ont été évités car : «La quantité majeure du produit AdBlue s’est écoulée de la piste de ravitaillement vers la canalisation publique pour eaux usées, dont une partie a pu être retenue et retirée des canalisations et des installations de séparation de liquides légers. Une certaine quantité du produit s’est échappée au-delà de la piste de ravitaillement vers les bassins de rétention et de traitement des eaux de surface. En raison de la présence d’un dispositif de captage spécialement mis en place après l’incident de 2016, cette partie d’AdBlue a également pu être captée et évacuée et ne s’est donc déversée ni au-delà des bassins vers le milieu naturel ni vers le cours d’eau en aval.»
Normes respectées
Le ministère note également que d’après l’exploitant de la station d’épuration «les normes de rejets en vigueur ont été respectées pendant cette période. Des campagnes de monitoring mis en place depuis d’incident de 2016 ainsi que les analyses réalisées par l’administration de la Gestion de l’eau n’ont pas pu constater un changement dans le cours d’eau Méckenheck et l’Alzette».
Par ailleurs, l’incident, n’ayant pas impacté le bon fonctionnement de la station d’épuration, aucune indemnité ne sera demandée. Cependant : «Les charges polluantes supplémentaires reçues par la station sont susceptibles d’être facturées à l’exploitant de la station-service», indique la ministre.
Elle ajoute que l’information concernant la fuite est parvenue aux administration de l’Environnement et de la Gestion de l’eau en date du 21 novembre 2018. L’exploitant a arrêté la fuite du 19 novembre 2018 le jour même sans avoir encore connu son envergure.
La ministre de l’Environnement a exigé de nouveaux contrôles de conformité qui sont à réaliser avant la remise en service des installations de transvasement et de ravitaillement d’AdBlue.
Par arrêté, qui vaut mise en demeure, Carole Dieschbourg a imposé des mesures administratives afin de redresser la situation, d’assurer un niveau élevé de protection de l’environnement et d’éviter qu’un accident similaire ne se produise. «Le cas échéant, en fonction de l’analyse de la situation actuelle et de l’évolution des suites des conditions imposées, d’autres possibilités juridiques offertes par la loi seront considérées», assure le ministère.
LQ