La Fifa n’a jamais connu une telle crise : Joseph Blatter, dans l’étau du FBI selon les médias américains, a annoncé sa démission de la présidence, tandis que tous les regards se tournent maintenant vers Michel Platini, président de l’UEFA et successeur idéal pour beaucoup à la tête d’une instance qui mettra des années à se reconstruire.
Le quotidien new-yorkais ainsi que la chaîne ABC News font état d’une enquête du FBI visant directement le Suisse de 79 ans en citant des responsables anonymes des forces de l’ordre ainsi que des sources proches du dossier, mais sans donner de détails.
C’est sans doute l’explication la plus plausible à la démission surprise mardi soir du président en poste depuis 1998, pourtant vacciné depuis longtemps contre toutes les tempêtes médiatiques et les accusations en tous genres.
Tous les regards se tournent vers Platini en vue du Congrès électif extraordinaire qui aura lieu entre décembre 2015 et mars 2016. Le Français de 59 ans (qui fêtera ses 60 ans le 21 juin) est depuis un an l’opposant numéro un à son ancien mentor.
L’ex-capitaine des Bleus l’avait appuyé pour les élections à la Fifa en 1998, 2002, 2007 et 2011. Mais son soutien lors de ce dernier scrutin était assorti d’une promesse que Blatter n’a jamais tenue: il ne devait pas se représenter. Ce mensonge n’a pas été digéré par l’ex-triple Ballon d’Or, écoeuré par l’image de plus en plus dégradée de la Fifa en raison des affaires.
Platini avait lui-même demandé, les yeux dans les yeux, à Blatter de démissionner jeudi dernier. L’ancien joueur vedette de la Juventus, vu par beaucoup comme le Messie, se présentera-t-il? Comme à l’époque où il était joueur, c’est lui qui mène le jeu. Il va prendre le temps de consulter autour de lui et son positionnement déterminera sans doute tout le reste. S’il y va, beaucoup des candidats possibles se retireront. Et un ticket commun Platini-Prince Ali, pourrait, pourquoi pas, voir le jour.
Mercredi dernier, quand les coups de filets policiers s’enchaînaient, entre un hôtel cinq étoiles au bord du lac de Zurich où des responsables de la Fifa étaient arrêtés et les perquisitions au siège de la maison du football, Walter de Gregorio, porte-parole de l’instance, avait eu ce commentaire: « C’est un bon jour pour la Fifa ». Il avait raison.
Les justices américaine et suisse sont en train de faire le grand ménage que les organes internes de la Fifa, chambres d’investigation et de jugement regroupées sous le comité d’éthique, ne sont pas parvenus à faire. Les procédures judiciaires s’annoncent longues et il est fort probable que le futur président de l’instance doive gérer la découverte de nouveaux cadavres judiciaires dans les placards.
Une refonte du comité exécutif, gouvernement mondial du foot, tant décrié depuis l’attribution des Mondiaux-2018 et 2022 à la Russie et au Qatar le 2 décembre 2010, sera sans doute la clé d’une restauration de l’image.
L’équipe en place autour de Blatter a toujours dit jusqu’ici qu’il n’y avait aucune raison de les remettre en cause. Mais Blatter étant sur le départ, la donne changera peut-être avec son successeur. Platini a toujours répété que « s’il y a des preuves de corruption, il faudra revoter ».
Le dossier Russie-2018 est beaucoup moins sensible que celui du Qatar-2022. Et le Mondial-2018 arrive dans trois ans, temps qui semble trop juste pour le réattribuer, alors que les groupes des éliminatoires seront tirés au sort le 25 juillet à Saint-Pétersbourg. En revanche, le Mondial-2022 a lieu dans sept ans. Ce qui laisse éventuellement le temps de se retourner.
AFP