À Opderschmelz, on garde le rythme et les bonnes habitudes avec une seconde partie de saison toujours diversifiée, et surtout fidèle à ses orientations artistiques.
Après une résidence à Dudelange –d’autres sont d’ailleurs prévues cette année, comme le Marly Marques Quintet, Catherine Elsen et Pascal Schumacher– Michel Reis et Marc Demuth, sans Paul Wiltgen mais avec Jeff Herr à la batterie, poursuivent leur marche en avant avec, comme soutien pour ce projet «DeLux», le saxophoniste islandais Sigurður Flosason. On se souvient de leur prestation au Like a Jazz Machine, en 2016. Les voilà sur disque avec Here and Now (Double Moon Records), dévoilé sur scène dans une semaine. Autre «release», celle du Michel Meis Quartet, formation montante dont ce sera également le premier album (Lost in Translation).
C’est une évidence qui se confirme chaque saison : à Opderschmelz, c’est le jazz qui donne la cadence ! Raison de plus, toutefois, pour s’octroyer de minces «sorties de route», comme ce sera le cas à travers une soirée blues-world animée par Bassekou Kouyaté, mondialement reconnu comme l’un des maîtres du n’goni, luth traditionnel de l’Ouest africain.
On trouvera également, plus tard, un duo au piano (le local Romain Nosbaum et Angela Trematore) pour un voyage du Luxembourg jusqu’en Amérique latine. Gare au choc thermique ! Rien qui n’effraie en tout cas Ian Paice, légendaire batteur de Deep Purple… et seul membre fondateur restant. Les fans pourront s’offrir un sympathique saut dans le passé avec Pur.pendicular, qui s’attache à faire revivre le fantôme du groupe britannique à travers toute une panoplie de tubes universels (Smoke on the Water, Child in Time…).
Rayon jazz, donc, on en remet une couche avec des figures, disons, récurrentes : Pol Belardi et Bojan Z (dans le cadre de la plateforme «Criss Cross Europe»), le bassiste de renom Reggie Washington, le pianiste anglais Jools Holland flanqué d’une pléiade d’invités vocaux –Marc Almond de Soft Cell, Ruby Turner…– sans oublier le Reis Demuth Wiltgen Trio, accompagné du célèbre saxophoniste Joshua Redman.
Grand écart stylistique
Pour ce qui est des arts de la scène, on fait ici dans le grand écart stylistique. D’un côté, Märd alors!!!, chronique satirique pour ne rien oublier de 2018, signée Jhemp Hoscheit pour les mots et Jules Arpetti pour la musique. De l’autre, une production déjà présentée aux Capucins en fin d’année dernière, Roulez jeunesse, histoire de mieux saisir l’adolescence et ses tourments.
Ayant magistralement anticipé la vague #MeToo, Opderschmelz propose, une nouvelle fois, «We Love Girrrls!», cycle dédié aux artistes féminines. Quatre rendez-vous, hétérogènes, ponctuent ce coup de projecteur : la création Love, Death and Polar Bears de Catherine Elsen –estampillée ILL– concert-performance sensible; la chanteuse-compositrice Sitta en mode acoustique pour son premier album solo (Part of Me) ; la pièce Malaika, troisième volet du «Wideside Project» de la compagnie Theater Traverse, où seront abordés les questions du souvenir, de l’identité et des coutumes; la tromboniste et compositrice israélienne Reut Regev avec le nouvel opus de son projet «R*Time».
Opderschmelz ne serait pas ce qu’il est, enfin, sans ses traditionnels rendez-vous. Bien sûr, le Kannerbicherdag, dixième du nom, salon du livre jeunesse (le 26 janvier), mais aussi d’autres réjouissances, au line-up encore incomplet : le Zeltik (8-9 mars) avec notamment l’indéboulonnable Carlos Nuñes, le festival Like A Jazz Machine (16-19 mai) avec quelques noms connus au Luxembourg (Manu Katché, Kyle Eastwood, Enrico Rava, Laurent de Wilde…), une 26e fête de la Musique (15 juin), fort de la venue de Frank Turner et ses Sleeping Souls, et le SummerStage, pour terminer la saison à la fraîche.
Grégory Cimatti